Burundi : rien ne va plus à l’Uprona !

Burundi : rien ne va plus à l’Uprona !

Burundi : rien ne va plus à l’Uprona !

By / POLITIQUE / الخميس, 13 أيار 2021 09:07


Gaston Sindimwo, ancien premier vice-président de la République et aujourd’hui député du parti Uprona, Anicet Niyongabo, ancien sénateur, et Isidore Mbayahaga viennent d’être chassés du parti du Prince Louis Rwagasore, le Héros de l’indépendance du pays. Les remous au sein de l’Uprona font rage.  

Ils sont accusés de n’avoir pas respecter l’éthique du parti Uprona, de se rebeller contre les règlements du parti et de ternir son image. Ce mardi 11 mai 2021, le bureau exécutif du parti s’est réuni pour statuer sur le cas de ces trois personnalités. Selon ce bureau exécutif, c’était sur demande des comités provinciaux du parti Uprona.

Ces exclus montent au créneau. D’après eux, ce bureau exécutif qui les a chassés n’est pas légitime. Pour eux, cette décision est illégale. Ils indiquent qu’ils comptent saisir le ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique.

Une crise qui couvait depuis longtemps

A quelques mois du congrès national, qui était prévu au mois d’août 2021, le parti Uprona est plus que jamais divisé. Les divergences entre les « ténors » du parti s’observaient depuis le début de la campagne pour les élections de 2020. On se souvint qu’une partie des Upronistes (le camp d’Isidore Mbayahaga) s’est ralliée du côté du dauphin de feu président Nkurunziza, Evariste Ndayishimiye, au détriment du candidat de l’Uprona, Gaston Sindimwo.

Au lendemain des élections qui étaient un fiasco pour le parti du Prince Louis Rwagasore, des congrès communaux et provinciaux ont été organisés afin d’élire les nouveaux organes du parti. Là aussi, certains militants du parti se sont plaints qu’ils sont lésés.

Coup de théâtre. Le ministre de l’Intérieur, Gervais Ndirakobuca, a pris la décision, le 23 avril 2021, d’invalider les congrès communaux déjà organisés par le parti Uprona.

 « Nous enregistrons en ce moment diverses plaintes formulées par certains membres de votre formation politique à différents niveaux et responsables », a-t-il indiqué.

Selon lui, certains membres du parti Uprona se disent lésés et dénoncent entre autres principales allégations : « L’exclusion arbitraire dans les activités du parti et la convocation des congrès communaux en dehors du cadre statutaire du parti Uprona. »

D’après le ministre Gervais Ndirakobuca, les articles 20 et 35 du statut de ce parti ont été violés. « Les congrès communaux déjà organisés et qui font objet de contestations sont nuls et de nuls effet et sont à invalider. Les congres programmés sont suspendus jusqu'à nouvel ordre. »

Vu la maturité politique de ce parti, a-t-il poursuivi, la voie du dialogue et d’entente serait à privilégier pour faire valoir des positions consensuelles qui tiennent compte des dispositions statutaires et règlementaires.

Plusieurs camps s’affrontent

Selon des informations recueillies au sein de l’Uprona, trois groupes s’affrontent.

« Le premier groupe est composé de la direction actuelle du parti, dirigée par Abel Gashatsi, ainsi que les camps de Tatien Sibomana et Evariste Ngayimpenda. Ce groupe bénéficie du soutien de l’ancien premier vice-président Yves Sahinguvu qui est très apprécié surtout en province Muramvya.

Le deuxième groupe est celui d’Isidore Mbayahaga qui avait soutenu le parti au pouvoir lors des élections de 2020 », confie une source au sein du parti Uprona. « Le 18 avril dernier, les partisans de Mbayahaga avaient mobilisé des gens, surtout des taxi-vélos, afin de s’opposer à la tenue du congrès communal en province Gitega. Ils ont été déboutés par l’administration », confie un militant du parti Uprona en province Gitega. « Vu son comportement lors des élections de 2020 où il n’a pas soutenu le candidat de l’Uprona, nous considérons qu’il n’est plus membre de notre parti. Toutefois, il bénéficie du soutien du parti au pouvoir », renchérit un autre cadre de ce parti.

D’après des sources à l’Uprona, le 3ème groupe est composé de mécontents. « Lors de la présidence de Feu Pierre Nkurunziza, la première vice-présidence comptait environ 38 cadres de l’Uprona, seuls 10 ont été reconduits. Les 28 anciens cadres, aujourd’hui dans la rue, ils ont une dent contre la direction actuelle. A la tête de ce groupe, il y a Gaston Sindimwo, Anicet Niyongabo et autres anciens cadres. »

D’après des sources au sein de l’Uprona, ces deux derniers groupes seraient contre le processus de réunification des différentes ailes de l’Uprona. Laquelle réunification concerne l’actuel Uprona reconnu par le pouvoir et l’Uprona dit de l’opposition qui regroupe le camp de Tatien Sibomana et celui d’Evariste Ngayimpenda. Ces deux camps regroupent beaucoup de jeunes et d’anciens Upronistes, surtout des personnes âgées, qui avaient été dégoutés par les dissensions au sein du parti du Prince.

D’après des sources à l’Uprona, les partisans de la coalition Abel Gashatsi-Tatien Sibomana- Evariste Ngayimpenda avaient raflé tous les postes lors des congrès communaux.   

Une mesure du ministre décriée

Certains militants ne comprennent pas la mesure du ministre Gervais Ndirakobuca d’invalider les congrès communaux.

« Je pense qu’il a été induit en erreur par certains protagonistes dans cette affaire », indique un militant du parti du Prince Rwagasore.

« Comment le ministre de l’Intérieur peut-il invalider les congrès alors qu’il n’a pas encore reçu les rapports de ces congrès ? C’est incompréhensible », relève un autre militant. 

Nombre de militants de l’Uprona s’interrogent sur les raisons de cette mesure. « Est-ce que la réunification des différentes ailes du parti Uprona fait-elle peur au parti au pouvoir ? ou ce dernier veut s’assurer que le prochain patron de l’Uprona soit sur la même longueur d’onde que le parti au pouvoir ? » Wait and see !

Steve Baragafise/Phare Africa Bujumbura

 

 

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