Après l’incendie qui a ravagé la prison de Gitega, le 7 décembre 2021, l’Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT-Burundi) demande l’ouverture d’une enquête indépendante pour connaitre la vraie cause de l'incendie et les dégâts.
Pour cette organisation, il faut également réserver une journée de deuil national en mémoire des victimes et permettre aux familles des victimes d'enterrer leurs proches avec dignité et de permettre aux familles des survivants de rendre visite leurs proches sans exception aucune. Afin d’éviter de telles catastrophes à l’avenir, ACAT-Burundi propose de désengorger les prisons surpeuplées en prévision d’empêcher des catastrophes similaires à celui de la prison de Gitega et réhabiliter dans les plus brefs délais de la prison de Gitega.
ACAT-Burundi déplore la négligence des autorités pénitentiaires dans la prévention de telles catastrophes. « Selon nos informations, la porte principale de la prison est fermée par deux cadenas dont l'un est gardé par la direction de la prison et l'autre par la police pénitentiaire alors que le personnel civil de la prison ne tient pas la garde de nuit. » Des sources concordantes dans la prison, continue l’organisation, affirment que l'incendie a commencé vers 04h00 du matin dans la chambre 4 du bloc communément appelé « KIBANDA » et qu'une explosion a été entendue et de là le feu qui a ravagé toute la prison. « Cette piste devait amener les autorités habilitées à diligenter une enquête indépendante sur l'origine de l'incendie, si du moins il y a la volonté du gouvernement. » ACAT-Burundi condamne le comportement affiché par la police qui assure la garde de la prison pour n'avoir pas ouvert très rapidement la porte principale de la prison pour permettre les détenus de s'enfuir. « Il a fallu attendre un administratif de la prison pour autoriser les prisonniers de se mettre à l'abri du feu. » ACAT-Burundi regrette que la police nationale ait refusé l'accès sur les lieux des organisations humanitaires comme la Croix-Rouge et MSF dans la fraicheur des faits probablement pour éviter que la réalité des dégâts soit connue.
Un enterrement en catimini
ACAT-Burundi se dit profondément choquée de la façon dont les corps des victimes ont été enterrés dans la clandestinité et dans l'absence totale du respect des droits et de la dignité qui ont toujours caractérisés les Barundi lors de l'enterrement. « En effet, les familles des victimes n'ont pas eu le droit d'enterrer les leurs et même d'accéder au lieu du drame pour rendre le dernier hommage à leurs proches, enterrés hâtivement et sans identification préalable dans la nuit du 7 décembre 2021. »
Dans la foulée, l’organisation déplore le mépris des victimes affiché par la direction de la prison de Gitega lorsqu'elle refuse à leurs familles de rendre visite à leurs proches surtout les prisonniers politiques arguant que c'est dans l'objectif d'éviter la propagation du coronavirus alors que le personnel pénitentiaire sort et entrent dans la prison sans observer aucune mesure barrière.
ACAT-Burundi rappelle que « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. Ce droit doit être protégé par la loi. Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie » Et de faire savoir que les cas de décès survenus en prison figurent parmi les situations suscitant l'intervention des mécanismes internationaux comme celui du rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires qui intervient notamment en cas négligence, d'emploi de la force ainsi que des conditions dangereuses qui règnent dans les lieux de détention.
Rappelons que le bilan officiel de l’incendie de la Prison de Gitega est de 38 morts, dont 12 asphyxiés et 26 morts par brûlures profondes ainsi que 69 blessés sur un nombre total de 1539 prisonniers. Quant à la cause de l’incendie, les autorités parlent d’installations électriques anarchiques.
Gaudence Uwineza