Au Burundi, le manque d’un assainissement adéquat constitue aujourd’hui une entrave majeure au développement du pays et au bien-être de la population. Cette situation constitue à la fois une catastrophe sanitaire, environnementale et économique mais aussi une bombe à retardement pour les générations futures
La situation est intenable en ce qui est des lieux d’aisance. 81,4% des ménages du Burundi utilisent des latrines traditionnelles, selon les résultats de l’Enquête Intégrée sur les Conditions de Vie des Ménages au Burundi (EICMB) récemment faite par l’Institut des Statistiques et Etudes Economiques du Burundi, Seulement 13,0% utilisent les latrines (WC) modernes. Néanmoins, en milieu urbain, 60,3% utilisent des latrines modernes. Dans la mairie de Bujumbura, cette proportion est de 74,7%.
L’enquête révèle aussi que 7% des latrines sont connectées à un système d’égout, 4,8% sont connectées à une fosse septique, 7,1% sont connectées à un lieu d’aisance, 2% sont connectées à quelque chose d’autre et puis 1% est connectée « à on ne sait pas où ».
Selon la Politique Nationale d’Assainissement et la Stratégie Opérationnelle Horizon 2025, le manque d’assainissement affecte en priorité les populations vulnérables. Ce sont surtout les pauvres qui souffrent de maladies liées au manque d’accès à l’eau potable, à un assainissement adéquat et à un environnement sain. Les diarrhées emportent 22,1% des enfants de moins de 5 ans. En 2007, 365 cas de choléra et 14 cas de tétanos néonataux, étaient déclarés.
La situation ne semble pas s’améliorer alors que parmi les objectifs que s’est fixée la politique de l’assainissement figurent l’éradication de la défécation à l’air libre et la réduction de moitié jusqu’en 2020 de la proportion des ménages qui utilisent des dispositifs d’assainissement inadéquats.
Des impacts économiques énormes
En Afrique, les impacts économiques de l’assainissement inadéquat sont énormes.18 pays africains ont enregistré une perte de 5,5 milliards USD par an suite à un assainissement inadéquat, selon une étude effectuée par la Banque Mondiale en 2012.
Un assainissement médiocre coûte au Nigeria 3 milliards USD par an. Cette somme équivaut à 20 USD par personne et par an, soit 1,3 % du PIB national. La Tanzanie perd chaque année 206 millions USD suite à assainissement médiocre. Cette somme équivaut à 5 dollars par personne et par an, soit 1 % du PIB national. Chaque personne déféquant à l’air libre passe près de 2,5 jours par an à trouver un endroit isolé où déféquer. Ce qui entraîne des pertes économiques importantes de 21 millions de dollars américains.
Promouvoir les latrines écologiques, une urgence
Au Burundi, la promotion des latrines écologiques pourrait être une solution à multiples avantages. Les latrines écologiques aident d’abord à promouvoir l’hygiène et l’assainissement de base. Elles permettent également aux populations bénéficiaires d’avoir du fumier naturel. Les agriculteurs qui, souvent, n’ont pas de moyens financiers pour se procurer des engrais chimiques ou organo-minéraux peuvent utiliser les toilettes écologiques pour augmenter la production et, partant, le revenu familial.
Durant ces dernières années, les organisations non gouvernementales essaient de mettre en œuvre les projets de construction des toilettes écologiques. Entre 2013 et 2014, 40 latrines écologiques ont été construites en province de Kayanza par le Pnud. En décembre 2021, la Brarudi a remis 20 latrines écologiques à 20 ménages de la commune Mishiha dans la province de Cankuzo. Et bien sûr d’autres sont en cours de production.
Les toilettes écologiques ont la particularité de stocker séparément dans différents contenants les urines et les excréments. Ils seront plus tard utilisés comme fumier naturel. « Nous allons pouvoir économiser l’argent que nous dépensions dans l’achat de l’engrais organo-minéral FOMI », se réjouissait Théophile Hatungimana, un des bénéficiaires du don de la Brarudi
A quand la transformation des excréments humains en briquettes ?
L’expérience d’ailleurs montre que certains pays sont en avance dans la transformation des excréments en énergie de cuisson. Au moment où la déforestation reste un phénomène très inquiétant au Burundi, fabriquer des briquettes à partir des excréments humains pourrait être une des solutions pour lutter contre le déboisement. Depuis 2013, Nakuru Water and Sanitation Services Company (Nawassco), une entreprise publique kenyane exécute un projet de transformation des excréments humains en briquettes dont la combustion permet notamment de cuisiner et de chauffer l’intérieur des maisons. Le processus consiste à récupérer les excréments dans les latrines à fosse et les fosses septiques. Elles sont ensuite séchées pendant deux à trois semaines dans une serre où les températures élevées permettent d’enlever jusqu’à 70 % de l’humidité à la matière. Ce qui la rend propre à la carbonisation. Ces briquettes à base d’excréments ont deux fonctions : ce sont de très bonnes sources d’énergie et en plus, les déchets humains utilisés pour les fabriquer permettent d’améliorer la situation sanitaire dans plusieurs villes.
BurundiEco