Le tribunal de première instance de Gasabo à Kigali a ordonné trente jours de détention provisoire de Pierre Damien Habumuremyi, ex-Premier Ministre et actuel Chancelier des Héros, des Ordres Nationaux et de Décoration Honorifique.
Sa comparution initiale avait eu lieu le 16 juillet. Poursuivi pour avoir émis des chèques sans provision et pour abus de confiance, Pierre Damien Habumuremyi avait plaidé non coupable et demandé sa relaxation au motif qu’il va répondre à toutes les convocations de la justice.
Il avait dit que sa santé fragile liée à la maladie du cœur et de l’œil plaide pour sa libération afin de bénéficier des soins de santé et qu’il lui faut du temps pour chercher de l’argent en guise de remboursement.
Il avait aussi évoqué la confiance qui lui est conférée au regard des postes qu’il occupe depuis longtemps dans la haute fonction publique de sorte que sa libération provisoire ne devrait pas poser un problème.
Mais le parquet avait requis son placement en détention provisoire dans un délai de trente jours pendant que les investigations ses poursuivent. A la fin de la première audience, le tribunal avait promis de se prononcer aujourd’hui sur la demande de libération provisoire.
Dans son verdict, le tribunal a rejeté ce mardi 21 juillet la demande de libération provisoire formulée par l’ex chef du gouvernement rwandais et ordonné sa détention pendant une période de 30 jours.
Le tribunal a statué que s’il était libéré sous caution, il pourrait compromettre l’enquête en cours et qu’en tant que proche des autorités, il lui serait plus facile de détruire des preuves.
Le tribunal a par ailleurs déclaré qu’il n’est plus crédible d’autant plus qu’il a abusé de la confiance placée en lui lorsqu’il a commis les crimes qui lui sont reprochés.
Les infractions reprochées à Habumuremyi résultent du fait qu’il aurait signé des chèques sans provision au nom de l’Université Chrétienne de Kigali qu’il a fondée ou en son nom propre.
Son université qui n’avait qu’une autorisation provisoire de fonctionner depuis plus de quatre ans a été fermée par le Ministère de l’Education pour ne pas avoir rempli les conditions exigées.
Habumuremyi a été arrêté au début du mois, quelques jours après la fermeture de son université. Il aurait accumulé des centaines de millions de francs de dettes auprès de différents fournisseurs de l’Université qui, au moment de sa fermeture, exploitait deux campus, l’un à Kigali et l’autre dans le district de Karongi.
L’an dernier, la direction de l’université a été accusée de ne pas payer le personnel enseignant et les autres employés, ce qui a provoqué un audit du Conseil de l’enseignement supérieur.
Habumuremyi a déclaré que les chèques émis par l’université n’étaient pas exactement destinés à des paiements, mais plutôt une forme d’engagement envers les créanciers pour démontrer que l’université leur devait de l’argent.
Ses avocats ont fait valoir que l’émission d’un chèque à titre de garantie ne signifie pas que leur client avait l’intention de tricher. Ils ont dit que bien qu’une loi de 2011 ait mis fin à l’utilisation des chèques comme garantie, c’est une culture qui est restée en pratique chez les Rwandais, et un certain nombre de personnes la pratiquent encore.
En plus de cela, il a attribué les problèmes financiers de l’université à la pandémie de Covid-19, qui, selon lui, a entravé la capacité de l’institution à payer ses créanciers et ses employés.
RNA