Le Burundi a confirmé, par la voix du président du Sénat, Reverien Ndikuriyo, sa demande de compensation financière – de l’ordre de 36 milliards d’euros – pour les torts causés par les colons allemands et belges durant la période allant de 1896 à 1962, a rapporté l’agence de presse économique Bloomberg.
Le Burundi, désormais dirigé par le président Évariste Ndashyimiye, souhaite aussi que Berlin et Bruxelles restituent des archives et des objets « volés » au cours de la même période, a indiqué jeudi M. Ndikuriyo devant les sénateurs réunis dans la nouvelle capitale politique du pays, Gitega (centre).
Les autorités burundaises réclament ces compensations en invoquant les « travaux forcés, les peines cruelles, inhumaines et dégradantes », comme le fouet et la prison, infligés à la population pendant la période coloniale.
Royaume multiséculaire de la région des Grands Lacs, le Burundi a été une ancienne colonie allemande à partir de 1890 avant d’être placé sous tutelle belge après la Première Guerre mondiale et jusqu’à son indépendance en juillet 1962.
Un historien burundais et chercheur à l’université de Lausanne (Suisse), Aloys Batungwanayo, a affirmé vendredi dernier que nombre des défis auxquels le pays est confronté trouvent leur origine dans un arrêté pris par le roi Albert 1er de Belgique, classant la population en trois groupes ethniques. « C’est ce décret qui a conduit aux conflits au Burundi et dans la région car certains (éléments) de la population ont été exclus de la classe dirigeante », a ajouté M. Batungwanayo.
Le Burundi est plongé dans une grave crise depuis que le président Pierre Nkurunziza – décédé le 8 juin dernier – a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat, qu’il a obtenu en juillet suivant au terme d’une élection boycottée par l’opposition. Les violences ont déjà fait au moins 1.200 morts et poussé à l’exil quelque 400.000 Burundais.
Le pouvoir burundais accuse également régulièrement la Belgique d’ingérence dans ses affaires intérieures et d’accueillir des opposants, dont certains sont, selon lui, impliqués dans la tentative manquée de coup d’Etat contre le régime du président Nkurunziza du 26 avril 2015.
Le roi Philippe avait exprimé fin juin, lors du 60e anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo (RDC), ses « plus profonds regrets » pour « ces blessures du passé dont la douleur est aujourd’hui ravivée par les discriminations encore trop présentes dans nos sociétés ». La Chambre des représentants à Bruxelles a, pour sa part, mis sur pied le mois dernier une commission spéciale chargée de se pencher sur le passé colonial de la Belgique au Congo, au Rwanda et au Burundi.
La Libre Afrique