L’ONG Human Rights Watch (HRW) revient, six mois après, sur la mort suspecte de l’artiste chanteur rwandais Kizito Mihigo et réclame une enquête indépendante pour que justice lui soit rendue.
Le 17 février 2020, l’annonce de la mort de Kizito Mihigo a été faite par les autorités rwandaises qui ont révélé avoir découvert le corps inerte du chanteur dans sa cellule. Officiellement, l’homme, arrêté quatre jours plus tôt, se serait donné la mort. C’est à cette conclusion qu’a abouti, quelques jours plus tard, l’enquête diligentée par les autorités de Kigali. Kizito Mihigo se serait étranglé avec ses draps de lit.
A ce moment déjà, HRW avait émis des doutes sur la crédibilité des résultats de cette enquête et, de concert avec Amnesty International, avait appelé à une enquête indépendante. Six mois plus tard, l’organisation persiste et signe : « Les autorités rwandaises n’ont pas mené d’enquête crédible et transparente sur le décès suspect en garde à vue du chanteur célèbre Kizito Mihigo. Il est essentiel qu’une enquête indépendante et efficace soit menée avec la participation d’experts étrangers, notamment le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires », soutient-elle.
Les doutes de HRW se fondent sur des déclarations faites par Kizito Mihigo, avant sa mort, dans un enregistrement diffusé par l’organisation. Le chanteur y faisait part des menaces dont il était l’objet, depuis la sortie de sa chanson Igisobanuro Cy’urupfu, des mauvais traitements qu’il a subis pendant qu’il était en détention, du fait qu’il a plaidé coupable en 2014 de faits qu’on lui reprochait (crimes contre l’État, complicité dans des actes terroristes, collaboration avec des groupes considérés par le gouvernement comme étant des ennemis du Rwanda) sous pression.
La correspondance adressée, le 10 août dernier, par HRW, au ministre rwandais de la Justice, Johnston Busingye, pour demander des informations sur les enquêtes menées sur les allégations de Kizito Mihigo et sur sa mort en détention, est restée sans réponse. HRW exhorte le Commonwealth dont les dirigeants des pays membres doivent prochainement se réunir à Kigali pour discuter, entre autres, des questions de gouvernance et d’Etat de droit, à exiger, des autorités rwandaises, une enquête internationale sur la mort du chanteur avant la tenue de la rencontre.
Afrik.com