Ouganda : l'Union européenne veut une enquête indépendante sur les violences qui ont suivi l’arrestation de Bobi Wine

Ouganda : l'Union européenne veut une enquête indépendante sur les violences qui ont suivi l’arrestation de Bobi Wine

Ouganda : l'Union européenne veut une enquête indépendante sur les violences qui ont suivi l’arrestation de Bobi Wine

By / A la Une / الثلاثاء, 01 كانون1/ديسمبر 2020 00:00


 

(Agence Ecofin) - Selon le dernier bilan officiel, une cinquantaine de personnes dont des « passants innocents » ont été tuées lors des récentes manifestations contre l’arrestation de l’opposant Bobi Wine. Alors que l’UE veut la lumière sur cette affaire, le président ougandais tente d’afficher une certaine fermeté.

Dans une déclaration commune avec les missions diplomatiques d’une dizaine de pays d’Europe, la délégation de l'Union européenne (UE) en Ouganda a appelé à « une enquête indépendante » sur les violences qui ont suivi la récente arrestation de l’opposant Robert Kyagulanyi, alias Bobi Wine.

« La mort de dizaines de personnes dans un contexte de violence généralisée a entaché la campagne électorale des 18 et 19 novembre. Nous formulons nos sincères condoléances aux familles des victimes qui comprendraient des passants innocents », a déclaré l’UE en fin de semaine dernière.

Ajoutant : « une enquête complète et indépendante devrait être ouverte sur les événements des 18 et 19 novembre, afin de garantir la justice pour les victimes et d'éviter l'impunité pour les auteurs qui doivent être tenus responsables de leurs actes ».

Une cinquantaine de personnes ont été tuées, selon un dernier bilan, lors de manifestations qui ont secoué la capitale, Kampala, et d'autres régions de l'Ouganda, après l’arrestation de l’opposant et candidat à la présidentielle, Bobi Wine, le 18 novembre dernier.

Plusieurs témoins ont par ailleurs, rapporté que des policiers, des militaires et des hommes armés en civil avaient tiré sur les manifestants dans certaines zones urbaines densément peuplées afin d’étouffer la contestation. Des témoignages appuyés par des vidéos abondamment partagées sur les réseaux sociaux.

La police ougandaise a justifié cette arrestation en prétextant que l’opposant avait violé les mesures restrictives contre la propagation de la covid-19 interdisant aux candidats à la présidentielle d’organiser des rassemblements de masse. Ce que conteste d’ailleurs l’opposition qui y voit plutôt une volonté d’entraver la campagne des opposants et de les intimider avant l’élection présidentielle prévue le 18 février 2021.

Dans sa déclaration, la délégation de l’UE a appelé « tous les partis politiques, les candidats et leurs partisans » à « assurer la mise en œuvre complète des procédures opérationnelles standard covid-19 et des réglementations pertinentes conçues pour freiner la propagation du virus ».

Loin de se laisser attendrir par cette interpellation de l’UE et des missions diplomatiques des pays européens, le président ougandais, Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 34 ans et candidat à sa propre succession, a décidé d’adopter le ton de la fermeté.

Dans une adresse à la nation retransmise à la Télévision nationale, Yoweri Museveni a clairement pointé du doigt son opposant et challenger à la présidentielle, Bobi Wine, comme étant l’instigateur de ces troubles.

« Si l'honorable [député, Ndlr] Robert Kyagulanyi était arrêté, ses partisans auraient dû attendre qu'il aille au tribunal comme il l'a finalement fait. Le sentiment que Kyagulanyi est intouchable parce qu'il est un politicien ne doit jamais être répété », a-t-il averti.

« L'attaque contre des personnes portant des chemises NRM / jaunes [parti au pouvoir, Ndlr], l'attaque contre des officiers en uniforme ne devrait plus jamais se reproduire. Quiconque a des oreilles devrait écouter », a-t-il ajouté.

Adressant ses condoléances aux Ougandais qui ont perdu leurs proches dans ces « émeutes insensées », Yoweri Museveni a indiqué que « le gouvernement indemnisera ceux qui ont perdu la vie et leurs biens », mais n’indemnisera pas « ceux qui sont morts et qui étaient des émeutiers ».

« Malheureusement, 54 personnes sont mortes dans cette confusion, dont 32 étaient des émeutiers, selon le rapport que j'ai reçu. Certains ont été touchés par des balles perdues, d’autres ont été frappés », a-t-il précisé. 

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