Trois Pygmées et un militaire ont été tués dans des heurts près d’un parc naturel qui a fêté lundi ses 50 ans sous le feu des critiques des « peuples autochtones » et leurs soutiens dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Dans le même temps, le Parlement de la RDC examine un texte de loi pour garantir les droits des Pygmées.
Des heurts ont éclaté lundi au village de Kabamba près du parc national de Kahuzi-Biega (PNKB) dans la province du Sud-Kivu, ont indiqué mercredi des sources militaires et l’administrateur du territoire.
Un militaire et trois Pygmées ont été tués, d’après ces deux sources qui ont également évoqué un certain nombre de blessés.
Les Pygmées auraient voulu récupérer de force des sacs de charbon de bois saisis par des militaires, d’après l’administrateur du territoire de Kabare, Thadée Miderho.
Pour fabriquer la « braise » ou le « makala » (les noms usuels du charbon de bois en RDC), les Pygmées sont accusés de couper illégalement des arbres à l’intérieur des limites du Parc naturel de Kahuzi-Biega (PNKB).
De leur côté, les Pygmées affirment vouloir récupérer des terres dont ils estiment avoir été spoliés par le PNKB.
Depuis 2018, un conflit les oppose aux écogardes du PNKB, avec des tentatives de médiation et d’apaisement de la part des autorités. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le PNKB a fêté lundi ses 50 ans d’existence, en se félicitant d’être « un sanctuaire et refuge des gorilles de Grauer », gorilles des plaines de l’est.
« Cinquante ans après, l’existence du PNVK = 50 ans de souffrance de nos frères et soeurs Pygmées », a protesté mardi la société civile du territoire de Kabare dans une lettre à l’Unesco. Les auteurs ont demandé à l’Unesco de « sauver » les Pygmées, confirmant le bilan des trois morts parmi les membres de la communauté dans les affrontements avec l’armée.
A Kinshasa, l’Assemblée nationale a adopté le 26 novembre une proposition de loi pour « la protection et la promotion des droits des peuples autochtones pygmées », qui doit maintenant être examiné par le Sénat.
« En République démocratique du Congo, contrairement aux autres ethnies autochtones, les Pygmées n’ont pas toujours bénéficié de l’attention particulière en tant que groupe autochtone », reconnaît l’exposé des motifs, qui parle d’un « vide législatif » à remplir.
La proposition de loi garantit la reconnaissance de la culture des Pygmées (usages, coutume, pharmacopée non contraire à la loi), les facilités d’accès à la justice et aux services sociaux, et surtout « la plénitude de la jouissance de la terre ».
La Libre Afrique