Burundi : un rapport accablant de l’IDHB

Des policiers armés dans une rue de Bujumbura, janvier 2016. © 2016 Privé

Burundi : un rapport accablant de l’IDHB

By / CULTURE ET SOCIETE / الخميس, 04 تشرين2/نوفمبر 2021 18:13


L’Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB) vient de sortir, ce 4 novembre 2021, un nouveau rapport intitulé « Derrière les grilles : recrudescence des cas de torture et de disparition ». Selon cette organisation, la vision du président Evariste Ndayishimiye est menacée par les partisans de la ligne dure du Cndd-Fdd.

D’après l’IDHB, l’engagement du Burundi en faveur des droits humains semble être en train de s’écrouler.

« A la suite d’une série d’attaques mortelles par des groupes armés non identifiés, le langage diplomatique du gouvernement sur la paix et la sécurité a fait place à une réalité plus sinistre. »

L’IDHB fait savoir que des dizaines d’opposants politiques ont été arrêtés arbitrairement, accusés de collaboration avec des groupes armés. « Bon nombre d’entre eux ont été détenus au secret au siège du Service national de renseignement à Bujumbura, où certains ont été torturés pour leur extorquer des aveux ou d’autres informations. Le nombre de personnes enlevées par de présumés agents du service de renseignement ou de la police a fortement augmenté au cours des derniers mois. Certaines d’entre elles n’ont pas réapparu. »

Selon cette organisation de défense des droits de l’Homme, il peut y avoir plusieurs explications à la recrudescence des violations des droits humains. « Une chose est sûre, le nombre d’arrestations, de disparitions forcées et de cas de torture d’opposants présumés au gouvernement par le Service national de renseignement (SNR) et la police a augmenté ces derniers mois. Ce ne sont pas des cas isolés. »

Et d’ajouter que la fréquence et les profils des personnes détenues ou disparues suggèrent une tendance claire, compromettant les améliorations limitées des droits humains depuis les élections de 2020

Le cas de Moïse Arakaza est emblématique

L’IDHB revient largement sur le cas de Moïse Arakaza, commissaire de police à Mugamba, province de Bururi jusqu’en août 2021. « A son arrivée à Mugamba en janvier 2021, il a commencé à arrêter et à torturer des personnes qui, selon lui, soutenaient l’opposition armée. Il a forcé certains d’entre elles à se tenir sur les mains, la tête en bas, leur a frotté le nez avec des piments forts broyés et les a battus avec le côté plat d’une machette. » Selon cette organisation, il a menacé de décapiter certains détenus et de mettre du piment dans les organes génitaux d’une femme. « Malgré ces actes, ni ses supérieurs dans la police, ni les autorités du gouvernement ou de la justice n’ont tenté de l’arrêter, même si certains l’ont critiqué en privé. »

Pour IDHB, les actions d’Arakaza illustrent les impulsions les plus sombres au sein du parti au pouvoir, une manifestation physique de l’idéologie dure qui a dominé le CNDD-FDD pendant le règne de l’ancien président Pierre Nkurunziza, en particulier de 2015 à 2020. « Certains membres du CNDD-FDD, partisans de la ligne dure, croient en une approche où tous les coups sont permis à l’encontre des opposants politiques. Ils ont une longue expérience de recours à la violence pour atteindre leurs objectifs. »

De l’avis de l’organisation, leur brutalité annule les efforts de relations publiques du président Evariste Ndayishimiye et d’autres responsables gouvernementaux, qui prétendent défendre les droits humains, la tolérance et l’obligation de rendre des comptes.

« S’il veut présenter une image crédible, il devrait mettre fin au comportement cruel de certains agents de l’aile dure au sein du service de renseignement et de la police, ainsi qu’à l’impunité qui les protège. »

Et d’ajouter que la détérioration de la situation des droits humains devrait déclencher un signal d’alarme pour les acteurs internationaux. « Ne prenez pas pour argent comptant les belles promesses du gouvernement en matière des droits humains pendant qu’il continue de torturer et de faire disparaître ses opposants présumés. »

Steve Baragafise/Phare Africa Bujumbura

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