Dans le cadre de la relance et de la redynamisation socio-économique du Burundi, le président de la République du Burundi Evariste Ndayishimiye a organisé, du 18 au 19 novembre 2021 au Palais des Congrès de Kigobe, un Forum National sur le Développement inclusif et durable. Le thème central est « Faire du Burundi un pays Émergent d’ici 2040 »
« Cette première édition du Forum National pour le Développement du Burundi cadre bien avec les ambitions qui sont les nôtres et qui visent à faire sortir progressivement le peuple Burundais de la pauvreté et à accroître la compétitivité de notre économie », a déclaré, dans son discours d’ouverture, le président Evariste Ndayishimiye devant un parterre de plus de 250 invités.
Selon lui, cette rencontre est d’une importance capitale pour le Burundi. « Elle constitue un cadre privilégié d’échange et de dialogue entre les intellectuels burundais vivant aussi bien au pays qu’à l’étranger, désireux de contribuer sur les questions du développement durable et inclusif de notre chère patrie. »
D’après le numéro Un burundais, ce sera l’occasion de passer en revue les politiques et stratégies spécifiques dans différents secteurs, en faire une analyse critique quant à leur mise en œuvre et arrêter des recommandations et pistes de plans d’actions.
Plusieurs thèmes seront abordés au cours de ce rendez-vous à savoir le développement rural et autosuffisance alimentaire, la transformation structurelle de l'économie burundaise, le cadre macro-économique pour la stabilité et la relance économique soutenue, le renforcement du capital humain, le développement du secteur privé, la gouvernance, la digitalisation pour stimuler le développement ainsi que l’efficacité de l'aide au développement.
Une idée louable mais …
L'Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (Olucome) se dit satisfait de cette initiative très louable du président de la République pour développer le Burundi. « Cependant, il fut organisé dans le passé des conférences de ce genre dont les recommandations ne sont jusqu'ici mises en application par le gouvernement. »
L’observatoire rappelle que le gouvernement du Burundi en collaboration avec ses partenaires, avait organisé, en janvier 2012, une retraite gouvernementale tenue en province Ruyigi sur une évaluation de l'efficacité de la loi anti-corruption.
« Au cours de cette retraite, plusieurs partenaires dont Transparence Internationale ont recommandé à travers leur appui technique qu'étant donné des lacunes relevées dans la loi anticorruption et les faiblesses majeures des institutions de lutte contre la corruption, le gouvernement devrait proposer le plus rapidement possible la réforme du cadre légal anticorruption. »
En août 2013, poursuit Olucome, les Etats généraux sur la justice ont été organisés dans l'objectif de rendre la justice burundaise indépendante et se conformer, entre autres, à la Convention des Nations Unies contre la Corruption.
De plus, en octobre 2014, il y a eu une retraite gouvernementale avec la société civile burundaise qui s'est tenue à Gitega.
Selon cette organisation, l'inefficacité de la loi et des institutions de lutte contre la corruption a été débattue et il a été formulé des recommandations pour pallier aux différents défis.
« Comble de malheur, les recommandations émises lors de ces trois événements si importants dans la vie des burundais ne sont jusqu'ici mises en application par le gouvernement du Burundi. Or, ces retraites ont consommé beaucoup de moyens financiers. »
Des questions à se poser au cours de ce forum
D’après l’Olucome, un travail d'experts nationaux et internationaux avait abouti, en 2011, à un document intitulé ‘’La Stratégie Nationale de Bonne Gouvernance et de Lutte contre la Corruption’’. « Cette stratégie a été rejetée par le gouvernement sans qu'il ait atteint ses objectifs. »
L’observatoire fait savoir que le Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte contre la pauvreté de première génération (CSLP I) et celui de la deuxième génération (CSLP II) dont la Stratégie Nationale de Bonne Gouvernance et de Lutte contre la Corruption faisait partie intégrante ont été financés à hauteur de plus de 7 500 milliards Fbu.
« La réalisation des actions de ces documents stratégiques n'a pas amené le gouvernement à atteindre ses objectifs d'accroitre le taux de croissance économique et de tirer la population burundaise de la pauvreté. »
Selon les données de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire International (FMI), de la Banque Africaine de Développement (BAD) et des autres institutions internationales crédibles, le Burundi est classé parmi les trois pays les plus pauvres du monde avec un taux de pauvreté de plus de 70%. Son taux de croissance économique est presque nul.
Pour l’Olucome, ce forum devrait trouver des réponses à une série de questions : Qu'est-ce qui fait que ces initiatives ci-haut mentionnées n'ont pas pu réduire le taux de pauvreté de la population burundaise ? Qu'est-ce qui fait que le taux de croissance économique du Burundi est presque nul alors que les autres pays qui étaient dans la même situation ont un taux de croissance économique par rapport au PIB oscillant entre 8 et 13 % ? Qu'est-ce qui fait que les recommandations et les initiatives faites pour le développement du Burundi n'ont pas pu aboutir aux résultats escomptés ? Qu'est-ce qui fait que toutes les décisions constitutionnelles prises par le président de la République Evariste Ndayishimiye ne sont pas mises en application ?
« Si ces quatre questions ne parviennent pas à trouver des solutions dans ce Forum, l’Olucome va considérer ce Forum comme une forme de malversations économiques et de détournements des fonds publics. II ne sera qu'un lieu de divertissement et du tourisme. »
Que propose l’Olucome ?
Cette organisation suggère qu’il y ait un comité national indépendant de suivi et de mise en œuvre des recommandations qui donnera périodiquement un rapport au président de la République dont les membres sont indépendants issus des représentants de la diaspora libre, de la société civile libre, des experts et de la présidence de la République. Il faut qu’il y ait une évaluation annuelle du plan de développement du Burundi. De plus, ce forum doit mettre au centre le respect du capital humain dans tous ses droits comme élément central et la gouvernance au centre du développement du Burundi. Enfin, ce forum doit réfléchir sur la lutte contre la pandémie de Covid-19 qui handicape l'économie des pays du monde en général et du Burundi en particulier.
Gaudence Uwineza|Phare Africa Bujumbura