L’annonce a été faite par le ministre de la santé publique et de lutte contre le Sida, le Docteur Thaddée Ndikumana dans un point de presse qu’il a tenu hier à l’endroit de la presse locale. Sans pour autant donner beaucoup d’éclaircissements, le ministre Ndikumana annonce que le pays enregistre le 3eme cas d’une personne atteinte de COVID-19.
« Un seul cas testé est positif parmi les 23 cas testés au PCR », indique le ministre.
Depuis le 31/3/2020, le gouvernement du Burundi est sorti de son silence sur le COVID-19. Dans la foulée, il annonce qu’il y a déjà, ce jour, deux malades qui sont diagnostiqués positifs au virus. L’un, âgé de 56 ans, de nationalité burundaise, était en hospitalisation et présentait jusque-là une symptomatologie en faveur d’une grippe simple depuis le 18 mars ; l’autre, âgé de 42 ans, rentré de Dubaï, avait consulté pour une toux, un écoulement nasal et des douleurs musculaires. Pour les deux, grâce aux résultats des tests effectués par l’INSP, leurs cas furent avérés positifs au COVID-19.
Sur terrain, ces annonces ne laissent pas indifférentes les habitants de la ville de Bujumbura. En effet, depuis mardi, beaucoup de ménages accourent à la constitution des stocks stratégiques une fois les autorités annoncent le confinement de la capitale politique du pays, une idée que la population craint déjà.
Vers le confinement total du pays ?
Cette idée est toujours écartée par les officiels du pays. Actuellement, les informations dont détient la rédaction font savoir que l’Etat est loin de penser au confinement pour une seule raison : celle relative à la tenue des élections de mai 2020. Pour ce, le Chef de l’Etat sortant, Pierre Nkurunziza, effectuerait une descente à l’intérieur du pays pour ouvrir la campagne électorale. Pour le CNL, les activités d’ouverture de campagne seraient prévues dans la semaine du 20 avril en province de Karusi. Ainsi, le calendrier chargé des élections ne permet pas une rupture de la vie normale du pays. Même le Président de l’Assemblée Nationale l’a bien précisé ce jeudi, 2 avril, au cours d’une session ordinaire du parlement.
« Nous saisissons cette opportunité pour demander à toute la population de changer ses habitudes et de suivre toutes les recommandations émises par les autorités sanitaires en matière de prévention du COVID-19. Nous exhortons aussi la population à participer massivement et activement à toutes les élections en vue de consolider l’avantage, la culture démocratique et la bonne gouvernance du pays », fait savoir Pascal Nyabenda, le Président de l’Assemblée Nationale.
Pourtant, cette position du gouvernement ne rassure pas, du moins selon un observateur contacté par la rédaction.
« Il y a eu toujours des doutes sur le COVID-19 au Burundi. Par exemple, tout le monde sait parfaitement que le pays était exposé, au même titre que ceux de l’EAC, au COVID-19. La raison est le flux de passagers qui existent entre ces pays frontaliers. Pour rassurer, le porte-parole du gouvernement a dit, aux ondes de la BBC, que le Burundi a une protection spéciale de Dieu. Mais, suite aux pressions de grandes organisations internationales, le gouvernement a fini par sortir de son silence. C’est déjà un pas.
Le problème réside alors dans les stratégies d’atténuer la contagion. Visiblement, elles sont faibles vu les moyens et les capacités du système sanitaire du Burundi. Pour prévenir cette maladie, le petit travail qui a été fait à ce titre avait été financé par la Banque Mondiale et l’Union Européenne à travers l’OMS au Burundi. Il reste à savoir jusqu’où va aller la contagion pour voir les réponses du gouvernent à propos de cette maladie. Ceux qui doutent exigent des conditions drastiques pour limiter sa propagation mais le gouvernement reste optimiste vu le communiqué du gouvernement lu ce jeudi par son porte-parole. La balle est dans le camp des autorités », indique la source.
L’Afrique risque de souffrir beaucoup du COVID-19
A ce sujet, selon des virologues africains, la situation continentale pourrait se dégrader très rapidement. Dans les trente-quatre (dont le Burundi) pays touchés par la pandémie, près de 640 personnes atteintes du coronavirus ont été identifiés. D’où l’OMS appelle l’Afrique à se réveiller face à cette pandémie.
« Même en Afrique du Sud, où les systèmes de santé public et privé sont parmi les plus développés du continent, ce sera un défi. Car il y a trop peu de lits dans les hôpitaux d’Afrique », constate Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
C’est la raison pour laquelle il faut éviter la multiplication des cas contaminés.
« Nous mettons en place des mécanismes préventifs pour éviter une destruction de ces dispositifs de santé ».
Dans un pays où les lits de réanimations des hôpitaux publics et privés (on en dénombre moins d’une soixantaine à travers tout le pays) sont peu nombreux, l’incapacité de prendre en charge les malades est avérée.
Jusqu’à présent, les autorités burundaises recommandent à la population la vigilance et le respect des règles élémentaires de l’hygiène. Mais, sur le plan sanitaire, les conditions d’accès à l’eau et aux produits d’hygiène de base restent encore problématiques, puisque 63% des Africains établis dans les centres urbains ne peuvent pas se laver les mains avec du savon, selon l’Unicef. Cela pourrait sans doute hypothéquer les efforts collectifs de lutte contre le COVID-19.
Gaudence UWINEZA