« Aujourd’hui, la FPF tient à réaffirmer son soutien et veut rester vigilante sur la nécessité de renforcer la sécurité physique du Docteur Mukwege et de ses proches. Elle se tient en alerte pour défendre la cause du Prix Nobel de la paix. »
Le 26 juillet dernier, sur Twitter, Denis Mukwege dénonçait un massacre qui avait eu lieu à Kipupu, au Sud-Kivu. À la suite de ce tweet, le Prix Nobel de la Paix congolais a reçu « diverses correspondances haineuses ». Des membres de sa famille ont également été « intimidés et menacés ».
Il en faisait part sur le site de la Fondation Panzi le 31 juillet dernier.
« Depuis mon tweet du dimanche 26 juillet dénonçant le récent massacre survenu à Kipupu en territoire de Mwenga au Sud Kivu, j’ai reçu diverses correspondances haineuses et des membres de ma famille ont été intimidés et menacés.
Il y a 22 ans, je découvrais les conséquences dramatiques de la guerre sur le sol congolais, dans la région des Kivus et dans d’autres provinces de notre pays. Depuis, je n’ai cessé de militer pour la recherche de la vérité et l’application de la justice, sans lesquelles nous ne pouvons espérer une paix durable.
Peu importe la période, peu importe la région du monde, aucun mensonge, aucune construction falsifiée de l’Histoire n’a jamais réussi à pérenniser la paix. Bourreaux et victimes n’ont aucun avenir s’ils sont condamnés à vivre dans le mensonge.
Je demande depuis bientôt 10 ans, l’examen du rapport Mapping réalisé par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Droits de l’Homme. Ce rapport contient une compilation de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de crimes de génocide détaillés de 1993 à 2003. Sans que l’on analyse ces crimes qui jalonnent l’Histoire du Congo, sans que justice ne soit rendue pour ces crimes, aucun peuple impliqué dans ces conflits ne pourra se relever ou ne pourra vivre en paix. […] Nous continuerons toujours à répondre à la violence par l’amour.
Face à ces cycles de violences et de représailles qui ne profitent qu’à ceux qui cherchent à maintenir le chaos dans notre pays pour mieux le piller, nous lançons un appel à la justice, à la coexistence pacifique et à la paix. »
La Fédération Protestante de France a tenu à communiquer son soutien au docteur Denis Mukwege face à ces menaces.
« Le docteur Denis Mukwege fait l’objet d’intimidations et de menaces de mort depuis plusieurs semaines, à la suite de ses prises de position courageuses contre la situation terrible que connait son pays et notamment un récent massacre de civils à l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
La Fédération protestante de France (FPF) en communion avec l’Eglise du Christ au Congo, a toujours soutenu les engagements du Docteur Mukwege, prix Nobel de la paix 2018. Elle a exprimé son soutien notamment lors de sa venue à Paris pour le colloque de la FPF en novembre 2019 à l’Hôtel de Ville, et lors de sa visite en mars 2020 en RDC lorsqu’il recevait le titre de Docteur Honoris causa de l’université protestante de Kinshasa.
Aujourd’hui, la FPF tient à réaffirmer son soutien et veut rester vigilante sur la nécessité de renforcer la sécurité physique du Docteur Mukwege et de ses proches. Elle se tient en alerte pour défendre la cause du Prix Nobel de la paix. »
La MONUSCO, Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo, a publié des notes sur les principales tendances des violations des Droits de l’Homme entre janvier et juin 2020. Elle dénonce une hausse des violations et atteintes aux droits de l’homme sur l’ensemble du territoire de la RDC, qui s’élève à 17% par rapport au semestre précédent (juillet-décembre 2019) et à 35% par rapport à la même période l’année dernière (janvier-juin 2019).
La mission pointe particulièrement une augmentation exponentielle (+91%) du nombre d’atteintes attribuables aux groupes armés. Cette hausse est selon les experts l’indication d’une détérioration de la situation des droits de l’homme dans les provinces en conflit, en particulier l’Ituri, le Sud-Kivu, le Tanganyika et le Nord-Kivu.
Malgré les menaces, le docteur Mukwege n’a de cesse de réclamer la justice pour les victimes. Il en appelle à la création d’un tribunal pénal international afin de juger les crimes commis au Congo depuis 1996.
Selon RFI, le président Félix Tshisekedi a demandé au gouvernement d’assurer la sécurité de Denis Mukwege ainsi que l’ouverture d’une enquête sur les menaces de mort qu’il a reçues.
infochretienne.com