Employés sur le chantier de construction d'un des stade, certains ont reçu une partie de leur dû après une prise de contact d'Amnesty International avec la FIFA. Pour l'ONG, c'est une illustration de plus de l'exploitation des travailleurs au Qatar, particulièrement dans le cadre de la Coupe du Monde 2022.
« Cela concerne plus de 100 travailleurs, raconte Sabine Gagnier, chargée de plaidoyer pour Amnesty International, au micro d'Oriane Verdier, du service international de RFI. Leurs problèmes ont commencé début 2019 et se sont poursuivis jusqu'en 2020. Ces mois non payés sont des mois où les travailleurs ont travaillé et on connaît les conditions de travail au Qatar : souvent des conditions dangereuses dans des températures extrêmes. »
Venus d'Asie et d'Afrique, cette centaine de travailleurs de l'entreprise Qatar Meta Coats (QMC) œuvraient sur le grand stade Al-Bayt, emblème de la culture bédouine locale avec son architecture en forme de tente. Ils n'ont pas perçu de salaires sur une période de sept mois, selon le rapport d'Amnesty publié ce mercredi. Certains ont finalement reçu une paie partielle le 7 juin, d'après la même source.
Problèmes bien connus par le ministère du Travail
Dans son rapport, l'ONG de défense des droits humains affirme que « les problèmes rencontrés par les travailleurs de QMC étaient bien connus du ministère du Travail du Qatar et de l'organisme chargé d'organiser la Coupe du monde de football du pays depuis près d'un an ».
Dans une lettre adressée à l'ONG, les organisateurs qataris du Mondial 2022 ont confirmé avoir été informés du non versement de salaires en juillet 2019. « Depuis lors, nous nous sommes efforcés de trouver une solution », assurent-ils. En difficultés financières, QMC a été interdite de travailler sur les projets de la Coupe du monde et a été vendue à de nouveaux propriétaires, selon les organisateurs.
Réforme de la kafala
« On ignore pourquoi la FIFA n'était pas au courant des atteintes aux droits humains sur ce chantier spécifique du stade Al-Bayt, pointe Sabine Gagnier. Certes, il y a eu des avancées, quelques réformes, mais ces normes ne sont pas suffisamment respectées. D'autre part, le Qatar s'était engagé à réformer le système de la kafala, qui est un système de parrainage. Mais en réalité, les travailleurs migrants dépendent toujours de leur employeur, notamment pour leur présence dans le pays, puisque c'est l'employeur qui doit leur fournir des permis de séjour valides. C'est bien l'employeur qui doit aussi autoriser leurs employés à changer d'emploi. »
Les autorités qataries ont pris de nombreuses mesures de protection sociale pour protéger les travailleurs, mais leur efficacité sur le terrain a été mise en doute par les ONG. De rares grèves de travailleurs ainsi que l'attention des médias internationaux ont conduit le riche État gazier à intervenir à plusieurs reprises, versant les salaires lui-même et engageant des poursuites contre les entreprises contrevenantes.
RFI