Burundi : Parcem réagit sur les dernières mesures du ministre de l’Intérieur

Burundi : Parcem réagit sur les dernières mesures du ministre de l’Intérieur

Burundi : Parcem réagit sur les dernières mesures du ministre de l’Intérieur

By / A la Une / Wednesday, 14 April 2021 07:10


Destitution de tous les comptables communaux du pays, remplacement de tous les percepteurs d’impôts et taxes, lancement de la campagne de collecte des taxes et impôts appelée « mois témoin », le ministère de l'Intérieur de la Sécurité Publique et du Développement Communautaire, Gervais Ndirakobuca, n’y va pas par quatre chemins. Des mesures suffisantes pour lutter contre la corruption ? PARCEM salue ces mesures mais trouve qu’il reste beaucoup à faire.

« Depuis un certain temps le ministère de l'Intérieur de la Sécurité Publique et du Développement Communautaire a montré de l'énergie et de la volonté pour réussir là où les autres ont échoué ou n'ont pas tenté de faire bouger les lignes », indique Faustin Ndikumana, directeur national de l’Association Parole et action pour le réveil des consciences et l’évolution des mentalités (PARCEM).   

L’organisation se dit surprise et déçue de constater qu’une grande manne des finances publiques s'évaporait dans les poches de nos compatriotes dont les esprits se sont égarés. « Les chiffres parlent, le manque à gagner est sidérant et donne du tournis. » Pour rappel, sur base de résultats de la campagne de collecte des taxes et impôts appelée « mois témoin », il s’est avéré que plus d’1,8 milliards de BIF sont détournés chaque mois d’où la destitution de tous les comptables communaux du pays. « Alors que des milliards des francs burundais étaient détournés, plusieurs communes affichent une faiblesse institutionnelle notoire dans leur fonctionnement. Certaines ne pouvaient même pas payer les salaires de leurs agents à temps ou accusaient des arrières de paiement énormes. »

Quid des causes et des pistes de solutions ?

PARCEM trouve que la corruption dans toutes ses formes a pignon sur rue et gangrène le fonctionnement des rouages de l'Etat de façon ahurissante. « Des réseaux de corrupteurs et de corrompus se sont déjà constitués et se considèrent comme indéboulonnables dans le pillage sans vergogne des caisses de l'Etat. » D’après cette organisation, beaucoup de Burundais ont déjà érigé, en mode de travail, des pratiques illicites sous forme de vampirisme. Le travail honnête n'est plus à l'honneur.

Selon PARCEM, la cause d'une telle situation est le laisser-aller et l’impunité. Et d’ajouter que la mentalité et la pratique qui veut que l'obtention d'un poste public soit une récompense au militarisme et devient un boulevard pour tout faire dans l'impunité. « PARCEM juge qu'un gouvernement responsable, doit prendre des mesures fortes, courageuses et audacieuses. »

Que faire alors ? « Comme les administrateurs sont les premiers gestionnaires des affaires de la commune, ils ne peuvent pas être étrangers à ce circuit d'où ceux qui ont été reconduits doivent démissionner ou subir le même sort », propose Faustin Ndikumana. Il trouve qu’il faut professionnaliser d'avantage le système de collecte des taxes au niveau du recrutement, de la formation ainsi que les moyens logistiques pour que le niveau atteint à travers la campagne « mois témoin » ne recule pas.

Faustin Ndikumana trouve qu’il faut concevoir une stratégie globale de lutte contre la corruption au niveau macro politique qui intègre tous les ministères, hauts cadres de l'Etat, société civile et secteur privé pour créer une sorte de synergie nationale anti – corruption. Il faut également sensibiliser la population et les administratifs pour changer de mentalité vis-à-vis du respect de la chose publique.

Une autre stratégie est la mise à contribution des services techniques gouvernementales comme inspection générale de l'Etat, les inspections des finances communales, la Cour des comptes en leur dotant des moyens humains et matériels suffisants ainsi qu'un soutien politique nécessaire car des fois elles émettent des rapports pertinents mais dont la gestion politique laisse à désirer.

De plus, il faut prendre des stratégies conséquentes en amont pour une transparence dans la gestion des fonds collectés surtout au niveau de la gestion des marchés publics et enrichissement illicite des gestionnaires des deniers publics.

Faustin Ndikumana recommande que la loi soit observée dans le processus de licenciement ou de limogeage de ces agents concernés. « Toutefois, il faut éviter que les partis politiques d'origine des cadres affectés dans les fonctions soient leurs boucliers protecteurs à travers le contrat ‘’Je te finance et tu me protèges’’ d'où il faut séparer les affaires du parti politique au pouvoir de celles de l'administration », conclut-il.

Gaudence Uwineza |pam Bujumbura

 

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Steve

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