Burundi : le pays ratifie le projet Turikumwe de 60 millions de dollars

Burundi : le pays ratifie le projet Turikumwe de 60 millions de dollars

Burundi : le pays ratifie le projet Turikumwe de 60 millions de dollars

By / Sunday, 26 July 2020 00:00


C’est l’un des projets  phares  de développement communautaire intégré  du nouveau régime du Général Major Evariste Ndayishimiye. Le projet Turikumwe veut renforcer l’intégration des communautés locales des communautés locales. Ce projet va financer l’assistance alimentaire et la nutrition auprès des communautés pauvres du pays. Il va financer également les petites entreprises, les écoles, les établissements de santé, les communautés hôtes et les réfugiés, a-t-on appris de Véronique KABONGO, Responsable des opérations pour le Burundi  à la Banque Mondiale.

« Le projet  PRODECI-TURIKUMWE est un projet de développement local qui soutient l'accès aux services, les moyens de subsistance en milieu rural, la sécurité alimentaire et la nutrition dans un contexte de pauvreté et de déplacement forcé. Le projet cible les communes des quatre provinces qui hébergent des camps de réfugiés à savoir Ruyigi, Cankuzo, Muyinga et Ngozi. Bien que la plupart des bénéficiaires soient des ressortissants burundais - y compris des personnes déplacées à l'intérieur du pays et des rapatriés - l'approche multisectorielle et sectorielle du projet soutiens à la fois les communautés hôtes et les réfugiés » indique la Banque Mondiale. 

Ces derniers jours, le Burundi est en train de ratifier d’importants projets de développement communautaire. Le plus récent étant un financement que la Banque Mondiale vient d’accorder au Burundi dans le cadre du projet «Energie solaire-  Soleil  NYAKIRIZA  dans les communes rurales du Burundi », signé à Bujumbura en date du 5 mars 2020 d’un montant de cent millions de dollars américains. Il avait  été porté par le ministre de l’Hydraulique, de l’énergie et des mines.

S’agit-il alors d’une main tendue au nouveau régime ? 

La question reste difficile car les faits observés du côté de la coopération bilatérale et multilatérale  exigent une grande prudence pour deux raisons : La position des partenaires classiques du Burundi après l’exposé du rapport de Doudou Diène, le Président de la commission d’enquête  des Nations-Unies sur le Burundi dans l’Assemblée générale de la commission du 17 Juillet et l’attitude de l’UE par rapport à la demande de financement du Gouvernement du Burundi dans ses efforts de lutte contre le COVID-19. 

« La communauté internationale ne doit pas relâcher la pression qu’elle exerce sur le gouvernement burundais » a plaidé la Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi, lors de la présentation à Genève de son rapport au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies »  Selon les enquêteurs onusiens, « il faut plus qu’un nouveau Président pour briser le cycle de la violence au Burundi ». Ils mettent donc en garde la communauté internationale contre « un relâchement prématuré » et une volonté « à tourner la page », «comme si une élection et une transition politique suffisaient à garantir automatiquement l’amélioration de la situation des droits de l’homme à l’avenir » 

Du côté du Gouvernement du Burundi, les accusations de Doudou Diène ne tiennent plus lieu de raison d’être : « les scénarios apocalyptiques de violations massives de droits humains, présentés par cette Commission dans ses précédents rapports et basés  sur de soi-disant facteurs de risque à l’occasion des élections de 2020, ont été balayés d’une main par le peuple burundais qui a plutôt défié cette commission et témoigné de sa maturité à prendre en main sa propre destinée» Pour la délégation burundaise présente dans l’Assemblée du 17 Juillet de Genève : « Par les élections de 2020, le Burundi vient de marquer l’histoire et tourner la page avec la transition pacifique au sommet de l’Etat et la mise sur pied d’un nouveau gouvernement » selon l’Ambassadeur Rénovat Tabu, l’Ambassadeur du Burundi à Genève. 

Pourtant, la France, un des bailleurs principaux du Burundi n’a pas été convaincu par le discours de Renovat Tabou : « La France réitère son soutien à la commission d’enquête des Nations-Unies sur le Burundi.  L’élection du Président NDAYISHIMIYE à l’issu d’un processus électoral globalement pacifique doit être l’occasion de sortir de la crise qui persiste au Burundi depuis 2015. La France encourage le Burundi à coopérer avec les mécanismes des Nations-Unies de protection et de promotion des droits de l’homme. La France rappelle son attachement à ce que les autorités prennent des mesures nécessaires pour prévenir et lutter contre les violations des droits de l’homme y compris les exécutions sommaires, disparitions forcées, actes de tortures et violences sexuelles » d’où la France interpelle les autorités burundaises à sanctionner les responsables de ces violations, ce qui sera un aspect fondamental de retour de confiance après les élections de Mai 2020. 

La prudence de l’UE face aux demandes/volonté de reprise de coopération est un autre fait qui montre combien les bailleurs classiques du Burundi restent prudents. A preuve du contraire, l’Union Européenne a choisi de ne pas répondre jusqu’à présent aux demandes de financements des projets formulés par le Gouvernement du Burundi dans la lutte contre la pandémie de COVID-19. Seule la Banque Mondiale  s’est limitée à donner tardivement une enveloppe de 5 millions de dollars alors que la décision de financer le Burundi dans ses efforts de lutte contre le Covid-19 avait été prise au mois d’avril tandis que le FMI a décidé de geler une dette de 7,6 millions de dollar que le Burundi devait payer au cours de l’année 2020-2021.

 

Ce qui est sûr, le nouveau régime  fait tout ce qui est possible pour que l’UE décide de lever les sanctions économiques qui pèse encore sur lui. Parmi les stratégies à mettre en œuvre figure la volonté accélérée de réformes en cours : lutte contre la corruption dans les instances étatiques (discours du Ministre de la sécurité publique à l’endroit des fonctionnaires de ce Ministère), lutte contre l’impunité (arrestation de plus de 10 personnes soupçonnées de faire violence aux réfugiés qui regagnent le pays en province Makamba), l’organisation d’une retraite gouvernementale a Buye, commune Mwumba, Province Ngozi( dont les points saillants portent sur le développement communautaire et le retour des réfugiés ), etc.  D’ailleurs, le nouveau régime aurait été averti selon le journal italien lingo.it « la décision sur l’éventuelle levée de sanctions sera conditionnée par la preuve de réformes politiques et économiques claires, en plus du retour des réfugiés et du rétablissement des droits de l’homme » Ce journal ajoute que cette décision  serait examinée lors du prochain conseil de l’OIF prévue au mois d’Octobre.

 Gaudence UWINEZA | IPM Bujumbura

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