Tanzanie : la situation des réfugiés burundais est préoccupante

Au camp de réfugiés burundais de Nduta, 24 personnes sont portées disparues

Tanzanie : la situation des réfugiés burundais est préoccupante

By / CULTURE ET SOCIETE / Tuesday, 26 January 2021 21:09


La Coalition burundaise des défenseurs des droits de l’Homme/Vivant dans les camps des réfugiés (CBDH/VICAR) indique que plus de 30 réfugiés burundais en Tanzanie ont été arrêtés et refoulés depuis le 1er janvier 2021 tandis que d'autres sont toujours détenus en Tanzanie. Cette organisation juge la situation inquiétante.

« Le problème est que certains réfugiés sont volontairement ou par force rentrés au pays. Arrivés au Burundi, certains ont rencontré divers problèmes. Certains ont été même maltraités par ceux qui étaient restés sur les collines. Du coup, ils ont décidé de reprendre le chemin de l’exil. Depuis le début du mois de janvier, la Tanzanie traque ces personnes. C’est une véritable chasse à l’homme », assure Léopold Sharangabo, vice-président de la CBDH/VICAR. D’après lui, la Tanzanie a décidé qu’aucun réfugié burundais ne serait plus sur son sol en 2021.

Léopold Sharangabo assure que certains réfugiés sont extirpés des villages ou des camps de réfugiés. « Ce qui est grave, cette chasse à l’homme se fait pendant la nuit. Ils sont dans un premier temps incarcérés dans une prison à Kibondo. Ils subissent des mauvais traitements. Certains sont refoulés et d’autres restent en prison. On ne sait pas comment ils font ce choix. » Les autres personnes visées, selon lui, ce sont ceux qui n’ont pas de documents. « La Tanzanie n’enregistre plus les nouveaux arrivants même si le HCR le nie tout le temps. Ils se cachent dans les zones et les villages où ils sont eux aussi traqués. »

Des morts et des disparitions

Selon le vice-président de la CBDH/VICAR, ce phénomène se passe dans tous les camps de refugiés burundais en Tanzanie. Jean Claude, un refugié burundais du Camp de Nduta témoigne : « Il y a deux semaines, plusieurs personnes ont été embarqués sans ménagement dans des voitures puis jetés à la frontière. Ils étaient rentrés au Burundi mais ils étaient revenus car ils ne se sentaient pas en sécurité. Aujourd’hui, nous n’avons plus de leurs nouvelles. »

Pierre Claver, refugié burundais du Camp de Mtendeli renchérit : « L’année passée, une famille est revenue du Malawi car la vie était devenue trop dure. Les autorités tanzaniennes l’ont refoulé jusqu’à la frontière. Aujourd’hui, cette famille loue une maison à Cankuzo. De plus, 8 personnes ont été kidnappées. La mission principale était de les tuer mais l’affaire s’est ébruitée et elles ont été refoulées. Maintenant, certains sont incarcérés dans la prison de Muramvya, d’autres sont à Bubanza. »

D’après ces réfugiés, la Tanzanie avait interdit la culture du manioc et du maïs en 2021.

« A Nduta, depuis quelques jours, une campagne de saccager des champs de ces deux cultures a été lancée », indique Jean Claude.     

Selon le rapport de la CBDH/VICAR, au moins 24 réfugiés ont disparu au cours de l’année 2020. « Plus de 10 réfugiés commerçants ont été arrêtés par la police et n’ont été relâchés plus tard qu’après avoir donné de l’argent. En Tanzanie, la situation sécuritaire n’est pas bonne. Il y a trop de violations des droits des réfugiés. » Depuis 2017, poursuit l’organisation, c’est difficile de sortir du camp car les réfugiés n'ont pas de carte ce qui les empêche d'accéder à d'autres droits comme les opérations bancaires, documents de voyage, etc. « Chaque mois, des réfugiés sont arrêtés pour avoir essayé de traverser la frontière pour aller chercher l’asile dans les pays frontaliers de la Tanzanie. Mais certains réussissent à s’échapper. Par exemple, 15 réfugiés burundais ont pu arriver à Mahama le 4 décembre 2020. 14 autres réfugiés ont pu regagner l’Ouganda et le Kenya au mois de novembre de la même année. » La CBDH/VICAR signale également beaucoup d’Imbonerakure qui travaillent pour le compte du gouvernement burundais. D’après cette organisation, ils sont connus dans tous les camps mais personne ne peut les toucher. 

« Nous demandons à la Tanzanie de respecter les conventions qu’elle a ratifié. La communauté internationale doit se mobiliser pour venir en aide aux refugiés burundais car ils sont au courant de cette situation. Si la Tanzanie persiste à dire qu’elle ne veut pas des refugiés burundais, le HCR doit envisager d’autres solutions », conclut Léopold Sharangabo.

Steve Baragafise |Phare Africa Bujumbura

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