Burundi : la société civile alerte sur le risque potentiellement élevé de réédition des crimes graves

Burundi : la société civile alerte sur le risque potentiellement élevé de réédition des crimes graves

Burundi : la société civile alerte sur le risque potentiellement élevé de réédition des crimes graves

By / CULTURE ET SOCIETE / Friday, 04 June 2021 12:11


Dix-sept associations de la société civile burundaise ont écrit, avec en copie aux chefs-Etats de la sous-région, une lettre au Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour lancer un cri d’alarme. Selon elle, il y a un risque potentiellement élevé de réédition des crimes graves.

« Cette situation est exacerbée par le processus en cours engagé par le gouvernement CNDD-FDD à travers la Commission Vérité et Réconciliation (CVR), censée établir la vérité historique sur le passé douloureux en vue de conjurer à jamais les crimes abominables qui endeuillent le Burundi depuis son indépendance en vue de la réconciliation. », soulignent ces associations.  

En effet, poursuivent-elles, le gouvernement du Burundi vient de prendre position contre la résolution AG / 12324 du 18 mai 2021 des Nations Unies sur « la responsabilité de protéger et la prévention du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l'humanité »

Pour ces associations, une telle attitude est considérée comme un mauvais présage sur le risque imminent de génocide au Burundi, sans possibilité d'intervenir comme cela s'est malheureusement passé au Rwanda en avril 1994.

« Au lieu de prévenir des crimes internationaux à venir, les autorités burundaises s'inscrivent dans les perspectives de s'exonérer de leur responsabilité en cas de génocide et d'autres crimes contre l'humanité comme elles ont tenté de le faire en se retirant du traité de Rome en octobre 2017 pour échapper aux poursuites judiciaires de la CPI qui enquête sur les violences commises au Burundi depuis 2015. »

La CVR indexée

 La société civile burundaise fait savoir qu’au lieu d'établir la vérité et réconcilier, les travaux en cours de la Commission Vérité Réconciliation (CVR) risquent d'accroître les clivages ethniques au Burundi en proposant une lecture biaisée de l'histoire récente à travers les prismes déformants de certains commanditaires présumés des tueries massives et crimes de guerre que le rapport ( S / 1996 / 686 ) relève . « Le pire est d'autant plus à craindre que ces débats viennent se superposer à des discours de haine, dont les auteurs ne sont autres que des hauts responsables du gouvernement du parti CNDD - FDD au pouvoir et du Sénat, la chambre haute du Parlement burundais qui organise depuis le 29 avril 2021, des conférences qui sèment la discorde sur les événements de 1972. »

Les associations rappelle que la CVR est le fruit des négociations d'Arusha au cours desquelles les Nations Unies ont joué un rôle de premier plan. La mission première est notamment d'enquêter sur les violations graves commises depuis l'indépendance jusqu'en 2008, d'arbitrer et de réconcilier.

« Le travail de cette commission s'est concentré exclusivement sur l'exhumation des restes provenant de fosses communes, supposés être ceux de Hutu, exécutés en 1972 sans aucune vérification scientifique préalable qui pourrait établir de façon certaine la date de ces tueries surtout que plusieurs vagues de crimes ont endeuillé le Burundi et commis par différents acteurs et à des époques différentes. »

 Dès le début de 2021, indiquent ces associations, les résultats des enquêtes et des conclusions de cette commission font l'objet de débats.

« Il apparaît clairement que l'objectif ultime est de raviver la haine ethnique en qualifiant les violations graves commises en 1972 de génocide contre les Hutus tout en occultant les crimes dont les Tutsis ont été victimes. Depuis le commencement, ce processus de vérité initié par le Gouvernement du Burundi suscite beaucoup d'interrogations, concernant notamment le manque d'indépendance de cette commission, qui travaille sous les ordres du gouvernement. »

Face à cette situation très inquiétante, les associations demandent à l’ONU d'user de ses bons offices pour engager d'urgence des actions de prévention de ce dérapage visible avant qu'il ne soit trop tard. De suivre de près la situation préoccupante du Burundi qui se caractérise par la persistance des facteurs de risques établis par la Commission d'Enquête des Nations Unies sur le Burundi. Elles demandent également aux Nations unies d’user de son influence pour amener le gouvernement du Burundi à mettre en place des mécanismes de vérité et de justice, réellement indépendants, dans l'esprit de l'Accord d'Arusha et dont les conclusions et les actes viseraient la réconciliation réelle des Burundais et la fin de l'impunité au Burundi.

Dans un communiqué du Sénat sorti ce 25 mai 2021, le Sénat indique que ces conférences sont organisées dans le but de conseiller le pouvoir exécutif et l'Assemblée Nationale sur la question de l'éradication des divisions ethniques afin de construire un Burundi juste équitable et véritablement réconcilié.

« C'est pour cette raison que le Sénat a ouvert le podium pour donner une occasion à tous ceux qui ont quelque chose à dire, qu'ils soient pour ou contre, présumés auteurs ou présumés victimes, afin d'aider le Sénat à recueillir assez de témoignages et de réflexions riches permettant d'atteindre la vérité sur la nature des crimes commis en 1972. » Le Sénat a demandé l'opinion nationale et internationale à soutenir cette action qui ne vise qu'à connaître la vérité et réconcilier le peuple burundais.

Steve Baragafise |Phare Africa Bujumbura

 

 

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