Au moins 128 personnes, dont 21 femmes et sept enfants, ont été tuées lors de violents affrontements entre des groupes armés et les forces armées nationales ainsi que lors d’attaques contre les civils dans la région des Hauts Plateaux du Sud-Kivu, entre février 2019 et juin 2020, déplore le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) en République démocratique du Congo.
« La violence n’est ni une option viable, ni encore moins une solution pour résoudre les griefs qui peuvent exister entre les communautés », a déclaré la Représentante spéciale du Secrétaire général et cheffe de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO), Leila Zerrougui, en réaction à ces informations.
« Tous les habitants des Hauts Plateaux doivent s’engager résolument dans la recherche de solutions pacifiques durables qui profitent à toutes les communautés, dans le respect des droits de chacun », a affirmé la représentante de l’ONU.
42 femmes et cinq enfants ont également été violés, plus de 95 villages, des écoles et des centres de santé ont été incendiés et plus de 110.000 personnes déplacées par ces violences, selon le BCNUDH.
Un regain de violence et des discours de haine
La région, qui comprend les territoires de Fizi, Mwenga, et Uvira, connait des cycles de violence intercommunautaire de longue date liés à la transhumance et à l’accès à la terre.
Un regain de violence a été noté depuis février 2019 avec la participation de groupes armés étrangers et le recours à des messages de haine propagés par des membres des différentes communautés vivant en RDC ou à l’étranger à travers les discours publics, les médias et les réseaux sociaux.
Selon la MONUSCO, le cycle d’attaques et de représailles se poursuit. Au mois de juillet 2020, au moins 32 autres civils ont été tués dans la zone, dont 15 dans une attaque contre Kipupu et quatre autres villages dans le territoire de Mwenga le 16 juillet, tel que documenté par une mission effectuée sur place avec le soutien de la MONUSCO.
Mme Zerrougui a en outre condamné les discours de haine et les appels à la violence lancés depuis la RDC comme depuis l’étranger, rappelant qu’ils sont « inacceptables et exposent leurs auteurs à des poursuites ».
Multiplier les efforts pour neutraliser les groupes armés
Avec l’appui de la MONUSCO, les forces de défense et de sécurité déployées dans la région ont multiplié les efforts pour neutraliser les groupes armés impliqués dans les attaques et assurer la protection des populations civiles, en particulier dans les sites de déplacés. Ces efforts doivent se poursuivre dans le strict respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
L’accès à l’assistance humanitaire a été perturbé par des attaques perpétrées contre les organisations humanitaires et les camps des déplacés. Ces graves violations du droit international humanitaire empêchent des milliers de personnes de recevoir une aide vitale alors qu’elles ne peuvent plus accéder à leurs champs et que leurs réserves alimentaires ont été pillées ou détruites.
La MONUSCO réitère sa détermination à travailler avec les forces armées de RDC (FARDC) pour la protection des civils et la sécurisation des zones affectées par la violence. La Mission continuera également de soutenir les initiatives de dialogue intercommunautaire engagées par les autorités nationales et nationales pour garantir la paix et la sécurité dans la province.
Porter assistance aux déplacés.
Pour sa part le Fonds des Nations Unies pour l’enfance a annoncé mardi qu’il allait apporter une aide à des milliers de personnes déplacées qui ont fui les violences dans la région des Hauts Plateaux du Sud-Kivu.
L’UNICEF confirme que plus de 40.000 personnes – dont 7.500 enfants de moins de 5 ans et plus de 1.500 femmes enceintes – ont fui les villages des territoires d’Uvira, de Fizi et de Mwenga depuis mai en raison de l’intensification des conflits interethniques qui ont anéanti les moyens de subsistance de milliers de personnes.
Le Fonds estime que 10 centres de santé ont été pillés et rendus inutilisables, tandis que 18 autres ont été abandonnés par le personnel médical fuyant la violence. Au moins 28 écoles ont été pillées ou endommagées en décembre 2019 et n’ont pas été reconstruites depuis, laissant des milliers d’enfants sans endroit pour étudier.
L’UNICEF et ses partenaires concentrent actuellement leurs activités dans la région de Mikenge, où 40.000 personnes ont trouvé refuge dans les zones forestières, non loin de leur lieu d’origine. L’UNICEF a joué un rôle clé dans la réouverture de l’hôpital de Mikenge, qui avait été déserté par le personnel médical.
L’agence a fourni 4 tonnes de kits médicaux d’urgence comprenant des médicaments, des fournitures médicales et des équipements médicaux et de stérilisation de base pour la prise en charge de 20.000 personnes sur trois mois.
Elle fournit également des services médicaux et de vaccination de base par le biais de cliniques mobiles à environ 23.000 personnes déplacées qui ont trouvé refuge au Mont Mitumba.
L’UNICEF s’efforce également de réunir ou de placer dans des familles d’accueil 17 enfants qui avaient été séparés de leurs parents, et a distribué deux kits de recréation pour des activités d’équipe destinées à 300 enfants à Mikenge et à Bijombo.
Dans les prochains jours, l’UNICEF et ses partenaires vont distribuer 4 tonnes de rations alimentaires d’urgence à 4.000 personnes vulnérables (femmes enceintes et allaitantes, et personnes âgées), ainsi que 200 cahiers d’exercices aux enfants non scolarisés de Mikenge et Bijombo.
L’UNICEF avertit que des milliers de personnes déplacées dans la région des Hauts Plateaux du Sud-Kivu ont un besoin urgent de nourriture, d’abris, d’assistance en matière de santé et d’éducation, et appelle les partenaires humanitaires à intensifier leur intervention dans la région.
La crise du Sud-Kivu est passée inaperçue alors que la RDC est aux prises avec la crise d’Ebola jusqu’à récemment et de multiples crises dans la partie orientale du pays.
L’appel de de fonds humanitaire pour les enfants de RDC est de 301 millions de dollars. Au 15 juillet 2020, seuls 27 millions de dollars avaient été reçus et 40 millions de dollars ont été reportés de l’année précédente, laissant un déficit de financement de 219 millions de dollars (73%).
Agence Rwandaise d'Information