« La CIJ, la Cour Internationale de justice, a rendu son arrêt sur la question des réparations des dégâts commis par l’Armée ougandaise en RDC entre 1998 et 2003 : Kampala doit verser 325 millions de dollars à Kinshasa », constate le site d’information congolais Actualité CD. Il s’agit d’une grosse somme certes mais la RDC avait réclamé 11 milliards…
Commentaire d’un membre de l’équipe de défense de la partie congolaise dans cette affaire, recueilli par Actualité CD : « il faut être modeste et réservé. Au moment où nous traitions le dossier pour la détermination du taux des préjudices et des sommes à allouer en termes de réparation, il y a eu beaucoup de pièces qui ont manqué pour administrer la preuve. Par exemple quand on parle de la destruction des maisons, il s’agit de quels matériaux ? Ils valent combien ? La cour avait exigé des éléments détaillés. Il n’y a pas eu non plus de listes complètes des personnes décédées. On n’avait pas fait ce travail pendant la guerre. »
Le site congolais 7 sur 7 précise pour sa part que « cet arrêt de la Cour internationale de justice concerne essentiellement 'la guerre des six jours' entre les armées du Rwanda et de l’Ouganda en pleine ville de Kisangani, qui avait fait plus de 1.000 morts, 3.000 blessés et des dégâts matériels énormes. Ces événements s’étaient déroulés en juin 2000. »
Loin du compte ?
En tout cas, pour le quotidien congolais Le Forum des As , « c’est peu de dire qu’avec les 325 millions… retenus par la CIJ, le compte n’y est pas du tout. La RDC, avec ses centaines de milliers de morts et sa troisième ville dévastée, ne trouve pas son compte dans le verdict rendu hier à La Haye. En l’occurrence, le montant fixé par l’instance judiciaire de l’ONU compte pour du beurre. »
Pour Le Monitor à Kampala, il s’agit là d’un moindre mal pour l’Ouganda… et « même d’un coup dur pour la RDC. » En effet, précise le quotidien ougandais, « pour les juges, Kinshasa n’a pas réussi à prouver que son voisin africain était directement responsable de plus de 15.000 des centaines de milliers de personnes qui sont mortes pendant la guerre entre 1998 et 2003. (…) Kinshasa réclamait donc plus de 11 milliards de dollars pour l'occupation de sa région instable du nord-est de l'Ituri. Il n’a obtenu que 325 millions. »
Et puis paradoxe, souligne encore Le Monitor, « actuellement, les troupes ougandaises sont de retour dans la région, mais cette fois pour une offensive sans précédent avec l’armée congolaise contre les Forces démocratiques alliées, la milice meurtrière, filiale du groupe Etat islamique. »
En effet, « fin novembre, rappelle Jeune Afrique, Félix Tshisekedi avait autorisé l’armée de son homologue, Yoweri Museveni, à intervenir pour lutter contre les ADF. »
Où va aller l’argent ?
En tout cas, « maintenant que la CIJ a tranché, on espère que l’Ouganda finira par s’y plier », commente Le Pays au Burkina Faso.
Qui plus est, poursuit le journal, « la CIJ commettrait une erreur monumentale de croire que son rôle s’arrête là. En effet, quand on connaît l’incurie des dirigeants africains et leur inclination à vouloir toujours s’enrichir sur le dos des pauvres populations, la CIJ se doit de mettre un point d’honneur à suivre la gestion des fonds que Kampala versera aux autorités congolaises aux fins de s’assurer que l’argent profitera bien aux victimes. Dans le cas contraire, son arrêt n’aurait servi à rien, si ce n’est à enrichir davantage une élite corrompue qui se soucie de la population comme d’une guigne. Surtout dans un pays comme la RDC, affirme le quotidien ouagalais, où les détournements de deniers publics et autres pratiques malsaines, en dépit de la fermeté affichée du président Tshisekedi, ont toujours pignon sur rue. »
Beya : « agissements contre la sécurité nationale »
Toujours en RDC, les suites de l’arrestation de François Beya, le conseiller spécial en matière de sécurité du président Tshisekedi…
Les autorités congolaises sont sorties de leur silence : « la Présidence de la République évoque des indices 'sérieux attestant d’agissements contre la sécurité nationale' », rapporte le site congolais Politico. Hier, « tous les bureaux du Conseil National de Sécurité (que dirigeait François Beya) ont été scellés par l’Agence Nationale de Renseignements. (…) Et selon certaines sources, des généraux auraient également été mis aux arrêts. »
Le quotidien Le Phare affirme pour sa part que « quelques proches de François Beya ont été arrêtés. »
RFI