(Agence Ecofin) - A cheval sur la frontière entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), le lac Kivu est l’un des plus grands cours d’eau d’Afrique, avec sa superficie de 2700 km2 et son altitude de 1460 m au-dessus du niveau de la mer. Il abrite dans ses profondeurs pas moins de 60 milliards de m3 de méthane dissous, et 300 milliards m3 de CO2. Selon les scientifiques, cette concentration mortelle de gaz peut être utilisée pour stimuler le développement économique.
Un mal pour un bien
Le 21 août 1986, le lac de cratère volcanique Nyos situé au nord-ouest du Cameroun, à plus de 2250 km du lac Kivu, a laissé s’échapper dans l’air un mélange de CO2 dissous avec des composantes toxiques de ses couches supérieures. Le grand nuage de gaz mortel créé par cette éruption limnique a asphyxié environ 2000 personnes dans les villages voisins. À ce jour, les géologues et les vulcanologues évoquent deux possibilités quant à la cause de l’accident : une émission non violente résultant d’une fissure des sédiments imperméables du fond du lac, ou une émission violente provoquée par un glissement de terrain qui a remué les sédiments. Selon eux, ce phénomène d’émanations de gaz est pratiquement impossible à prévoir et aucune mesure préventive ne peut être prise.
Outre une plus forte concentration en méthane et en CO2, le lac Kivu présente les mêmes caractéristiques géologiques que le lac Nyos. Le Kivu est une zone sismique active, et un certain niveau d’activité pourrait générer des vagues dans le lac qui mélangeraient suffisamment les couches pour libérer les gaz emprisonnés, relève la BBC.
Le Kivu est une zone sismique active, et un certain niveau d’activité pourrait générer des vagues dans le lac qui mélangeraient suffisamment les couches pour libérer les gaz emprisonnés, relève la BBC.
De plus, entre 1974 et 2004, la concentration de CO2 dans le lac a grimpé de 10%. Étant donné que les risques d’éruption limniques sont créés par l’augmentation de la concentration en gaz, le même scénario pourrait se produire au Rwanda et en RDC. Le risque est permanent.
« Le Kivu mesure 89 km de long, 48 km de large et est plus de 2 fois plus profond que le Nyos. En raison de sa taille, il a le potentiel pour une éruption limnique majeure et catastrophique où des volumes importants de gaz seraient libérés […] Environ 14 000 personnes vivaient près du Nyos au moment de l'éruption. Plus de deux millions de personnes vivent aujourd'hui aux alentours du lac Kivu, dont environ un million dans la ville de Bukavu, en République démocratique du Congo », a expliqué le limnologue Sergei Katsev de l'Université du Minnesota aux États-Unis, pour alerter sur les risques et l’importance du dégazage.
Étant donné qu’il s’agit de méthane pouvant être utilisé comme combustible, le dégazage pour l'exploitation comme source d'énergie pourrait non seulement aider à éviter une catastrophe, mais aussi régler les problèmes d’accès à l’énergie et stimuler le développement.
Un potentiel de 700 MW compris au Rwanda…
Selon plusieurs estimations, le lac Kivu peut produire plus de 700 MW d’électricité sur au moins 50 ans. C’est près de 4 fois la capacité de production actuelle du Rwanda. De fait, la Communauté économique des pays des Grands Lacs estime que le gaz du lac Kivu peut satisfaire une grande part des besoins énergétiques des habitants des deux rives.
Selon plusieurs estimations, le lac Kivu peut produire plus de 700 MW d’électricité sur au moins 50 ans. C’est près de 4 fois la capacité de production actuelle du Rwanda.
Le Rwanda sera le premier à saisir cette opportunité pour alimenter ses réseaux électriques et essayer de combler son déficit de plus de 50 % en la matière. Le pays dépense plus de 50 millions de dollars par an pour acheter du carburant afin d’alimenter ses centrales. Séduit par ce potentiel, il a lancé en 2008 le projet Kibuye Power 1, une première initiative qui consiste en une production via le méthane du lac, de 3,6 MW dans la ville de Rubavu.
Une étape qui a permis de mieux comprendre le fonctionnement de cette technologie et qui a ouvert la porte au projet KivuWatt lancé en 2016, pour un montant de 200 millions de dollars.
La première phase de ce projet consiste à alimenter trois transformateurs afin de produire 26 MW d'électricité pour le réseau local. La phase suivante consiste à déployer neuf transformateurs supplémentaires de 75 MW pour créer une capacité totale de plus de 100 MW, susceptible de satisfaire une partie de la demande galopante. KivuWatt est piloté par la société américaine ContourGlobal, qui opère déjà au Togo, au Sénégal et au Nigéria, entres autres. La société a signé un accord d’exploitation de 25 ans avec l’État rwandais qui lui achètera son gaz pendant cette période.
En février 2019, le Rwanda a également démontré son engagement à tirer profit des ressources offertes par le lac Kivu en signant un accord avec la société Gasmeth Energy, pour investir 400 millions de dollars afin de produire du gaz butane à partir du méthane.
« Avec cet accord, nous nous attendons à disposer d'un gaz abordable et respectueux de l'environnement », a commenté Clare Akamanzi, directrice générale du Conseil du développement du Rwanda.
Par ailleurs, en octobre de la même année, la société Symbion Power a lancé la construction d’une centrale à méthane de 56 MW à Rubavu. Dans le cadre de ce partenariat avec l’État, la compagnie a mis en place une entité ad hoc dénommée Shema Power Lake Kivu Ltd, qui a obtenu la concession de la centrale pour une durée de 25 ans.
« Ce projet est une synergie avec d’autres projets stratégiques dans lesquels le Rwanda a investi et qui devrait permettre d’apporter plus d’électricité au réseau national, ainsi que d’accroître notre capacité installée. Actuellement de 224,5 MW, elle devra passer à 556 MW d’ici 2024, le temps pour l’ensemble des projets de devenir opérationnels », a affirmé Patrice Uwase, le secrétaire permanent du ministère des Infrastructures. Ces autres projets sont entre autres les centrales de Hakan Peat (80 MW) et de Rusumo (26,7 MW).
…mais manifestement pas encore en RDC
Si du côté rwandais, on s’affaire pour profiter du méthane lacustre, en RDC les choses tournent au ralenti. Une lenteur que l’on pourrait attribuer à la situation politique délicate des dernières années, et qui a été vivement critiquée par la société civile.
« On ne parvient pas à comprendre l’inaction des autorités congolaises. Ce projet serait une réponse aux besoins électriques de la population. Nous pourrions avoir du courant électrique stable et plus abordable. Beaucoup de jeunes auraient du travail et cela réduirait d’une certaine façon le chômage.», a regretté David Cikuru, membre de la Commission environnementale des hydrocarbures et mines au sein de la Société civile du Sud-Kivu.
« On ne parvient pas à comprendre l’inaction des autorités congolaises. Ce projet serait une réponse aux besoins électriques de la population. Nous pourrions avoir du courant électrique stable et plus abordable.»
Ce n’est qu’en 2019 qu’un accord a été signé entre l’Etat et la société tunisienne Engineering Procurement & Project Management (EPPM), consistant pour cette dernière a dégazer la partie congolaise du lac et s’en servir pour produire de l’électricité. Le début des travaux était prévu pour janvier 2021. La société n’a pas encore communiqué sur ce deadline manqué.
Par ailleurs, pour préparer la main-d’œuvre qualifiée nécessaire dans le cadre de ce projet, EPPM va implanter un centre de formation à Goma dans le Nord-Kivu. Le centre va assurer le transfert des compétences pour préparer les populations locales qui vont travailler dans la construction des infrastructures.
Il faut néanmoins relever le retard de Kinshasa par rapport à Kigali dans la mise en œuvre de projets électriques à partir du lac Kivu, mais l’espoir pointe car il semble exister désormais une volonté politique dans ce dossier. Rubens Mikindo Muhima, le ministre congolais des hydrocarbures se dit « très intéressé » et a promis que son pays fera les efforts nécessaires pour y arriver dans les meilleurs délais. A suivre.
(Agence Ecofin) - La question de la croissance démographique est au centre des débats entre politiciens et économistes sur tous les continents. L’actualité reste marquée par des discours selon lesquels le continent africain doit s’atteler à réduire son taux de fécondité pour mieux faciliter son développement économique. Alors que dans les pays riches, face au déclin démographique, de nombreux dirigeants appellent leurs populations à « faire des bébés ». A l’évidence, le contraste des points de vue sur la natalité semble fortement dépendre des intérêts de chacun...
Déclin de la population dans les pays riches
On assiste dans plusieurs pays d’Europe, d’Amérique ou d’Asie à un vieillissement de la population qui suscite de vives inquiétudes pour leur avenir économique, social et politique.
Contrairement aux années 1945-1960 qui ont enregistré une explosion du taux de natalité, les pays développés ont vu leurs nombres de naissances se réduire d’année en année. Avec un taux variant entre 0,9 et 1,9 enfant par femme, selon le Population Reference Bureau (PRB), les pays d’Europe et d’Amérique du Nord possèdent les plus faibles taux de fécondité du monde. Désormais, l’Europe a la population la plus vieille du monde. Plus de 19% de sa population a plus de 65 ans, soit près d’un Européen sur cinq ; une situation associée aux progrès sociaux et scientifiques qui ont permis d’améliorer l’espérance de vie.
Selon des chiffres de l’OCDE, d'ici 2060, le Japon perdra 34,6 % de ses forces productives (les 20-64 ans). Ce pourcentage est de 32% pour l'Italie, 26,6 % pour la Chine, 20,8% pour l'Allemagne, et 6% pour la France.
Preuve de cette situation, les produits développés pour améliorer la vie des personnes âgées ont massivement envahi les marchés des biens et services, conduisant à un essor inédit de la Silver Economy. Ces produits vont de capteurs d’arrêts cardiaques installés à bord des voitures à la fabrication d’horloges adaptées pour améliorer les repères temporels. Les services destinés aux personnes âgées sont de plus en plus sollicités au point où en France, des maisons de retraite se plaignent de ne pas avoir assez de personnel pour prendre soin des séniors.
En Europe, près de la moitié des pays connaissent déjà des taux négatifs d'accroissement naturel ; ce qui signifie que le nombre de décès dépasse celui des naissances. Selon le PRB, la population totale européenne « devrait diminuer de 2%, passant de 747 millions en 2020 à 729 millions en 2050 », faisant du continent, le seul au monde qui enregistrera un déclin de sa population, d’ici 2050.
Selon le PRB, la population totale européenne « devrait diminuer de 2%, passant de 747 millions en 2020 à 729 millions en 2050 », faisant du continent, le seul au monde qui enregistrera un déclin de sa population, d’ici 2050.
La part importante de la nouvelle génération de papy-boomers couplée au recul de la natalité a entraîné non seulement une hausse des dépenses destinées à assurer la prise en charge des séniors, mais également une réduction de la force de travail de la population dans les pays développés. Selon des chiffres de l’OCDE, d'ici 2060, le Japon perdra 34,6 % de ses forces productives (les 20-64 ans). Ce pourcentage est de 32% pour l'Italie, 26,6 % pour la Chine, 20,8% pour l'Allemagne, et 6% pour la France.
L’Afrique, tout à l’inverse…
Avec 1,3 milliard de personnes, réparties sur une superficie de plus de 30 millions de km², l’Afrique est moins peuplée que l’Inde qui est dix fois plus petite (3,4 millions de km2) ou que la Chine (9,6 millions km2).
Cependant, le continent noir possède le taux de fertilité le plus élevé au monde, avec une moyenne de 4,4 enfants par femme, selon le PRB. Avec une amélioration des conditions sanitaires, caractérisée notamment par une baisse de la mortalité infantile, l’Afrique a entamé son baby-boom.
Cette hausse des naissances, alors que le continent est encore loin d’être surpeuplé, explique la jeunesse de sa population. 41% de la population africaine a moins de 15 ans. De plus, la population africaine devrait augmenter de 91 %, passant de 1,3 milliard en 2020 à 2,6 milliards en 2050 ; ce qui représente près de 60 % de la croissance démographique mondiale prévue au cours de la même période.
41% de la population africaine a moins de 15 ans. De plus, la population africaine devrait augmenter de 91 %, passant de 1,3 milliard en 2020 à 2,6 milliards en 2050 ; ce qui représente près de 60 % de la croissance démographique mondiale prévue au cours de la même période.
Un exemple illustrant la jeunesse de la population africaine est la réaction du continent face à la pandémie de Covid-19. Alors que le nombre de décès dans le monde atteint 2,4 millions de personnes, l’Afrique ne compte qu’un peu plus de 100 000 décès liés au coronavirus. C’est le continent le moins touché par la pandémie, une situation que les experts attribuent à la très forte proportion de jeunes au sein de la population contrairement à l’Europe.
Malheureusement, ce boom démographique est doublement perçu par les observateurs. Pour les plus optimistes, l’importante croissance démographique de l’Afrique lui permet de disposer d’une population active plus importante et capable de renforcer sa productivité. Cette perspective, qui lui permet également de s’appuyer sur un marché intérieur croissant, offre au continent une possibilité de développement économique accélérée.
Mais pour les plus pessimistes qui s’appuient d’ailleurs sur le niveau de développement des pays africains, cette hausse de la natalité engendrera une pression démographique difficile à supporter pour les économies du continent et d’importantes vagues d’émigration.
Le « Grand remplacement », le fantasme xénophobe
La réalité du nouveau boom démographique africain a peu à peu alimenté les peurs, et les théories parmi les plus invraisemblables sur la manière dont le continent pourrait gérer ou pas l’accroissement visible de sa population dans les prochaines années. L’une de ces théories a particulièrement fait parler d’elle, ces dernières années : le complot dit du « Grand remplacement ».
Défendue par de nombreux partisans d’extrême-droite en Europe, cette thèse dont le pionnier est l’écrivain français Renaud Camus, soutient qu’il existe un processus délibéré de substitution de la population européenne par une population étrangère, originaire en premier lieu d'Afrique noire et du Maghreb.
Cette théorie a même déjà inspiré des actes de terrorisme comme celui de Christchurch en Nouvelle-Zélande où un homme armé a massacré 51 personnes dans deux mosquées, au nom de la défense de la population « blanche » contre les envahisseurs.
Ses partisans s’appuient généralement sur de fausses images concernant la migration, d’origine africaine plus précisément. Celles-ci laissent penser que les Africains affluent massivement en Europe chaque année et qu’ils « arrachent » les emplois qui sont normalement « destinés » aux nationaux. Selon cette logique, le boom démographique que connaît le continent africain entraînerait mécaniquement un déferlement de migrants sur les territoires européens.
Pourtant, la réalité est toute autre. Contrairement aux idées reçues, l’Europe n’est pas la première destination des migrants africains. S’il est vrai que le continent est traversé par un nombre inquiétant de conflits armés qui engendrent un afflux de réfugiés et de déplacés, plusieurs rapports d’organisations internationales indiquent que la migration clandestine touche beaucoup moins les nations développées que les pays moins avancés.
Dans un rapport intitulé « Les migrations au service de la transformation structurelle », la CNUCED a indiqué que si 17 millions de migrants ont quitté l’Afrique en 2017, c’est 19 millions d’individus qui se sont déplacés sur le continent. Ainsi, 53% des migrants africains de l’année 2017 ont émigré dans un autre pays africain. 47% se répartissent sur tout le reste de la planète.
Selon « les Perspectives des migrations internationales 2019 », publiées par l’OCDE, aucun pays africain ne figure dans le top 17 des populations qui ont le plus migré vers les pays développés, membres de l’organisation. Dans le top 50, on ne retrouve que cinq pays du continent (Maroc, Nigeria, Algérie, Egypte et Erythrée) qui cumulent seulement 4% des entrants dans les pays de l’OCDE et 15% dans les pays de l’Union européenne (UE).
Selon « les Perspectives des migrations internationales 2019 », publiées par l’OCDE, aucun pays africain ne figure dans le top 17 des populations qui ont le plus migré vers les pays développés, membres de l’organisation.
Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), « la plupart des migrants internationaux se déplacent entre des pays situés dans la même région. La majorité des migrants internationaux en Afrique subsaharienne […] étaient originaires de la région où ils résident ».
Des stratégies divergentes
Pour gagner cette nouvelle guerre démographique, plusieurs méthodes sont adoptées par les pays. Dans le « vieux monde », l’objectif clairement affiché est d’augmenter la part de la population jeune pour mieux faire face aux défis qui s’annoncent dans les prochaines années.
Ainsi, de plus en plus de dirigeants appellent leurs populations à « faire des bébés », souligne le journal Les Echos.
D’ailleurs, une déclaration du président russe, Vladimir Poutine, faite le 15 janvier 2020, illustre parfaitement cette stratégie. « Nous sommes aujourd'hui 147 millions, mais nous sommes entrés dans une mauvaise période démographique […] Les mauvaises prévisions actuelles ne peuvent que nous inquiéter […] Le destin de la Russie et ses perspectives historiques dépendent de combien nous serons », s’est inquiété le dirigeant en s’adressant au Parlement russe. Annonçant son intention de faire passer le taux de fécondité du pays de 1,5 à 1,7 enfant par femme, d’ici 2024, le chef d’Etat a ainsi prévu une augmentation de l’aide apportée aux familles de deux enfants pour « soutenir les jeunes gens, ceux qui commencent leur vie de famille et qui, j'en suis sûr, rêvent d'avoir des enfants ».
En Chine où une politique de l’enfant unique a été instaurée dans les années 1970, le gouvernement encourage désormais la natalité pour faire face au problème du vieillissement de la population.
En Chine où une politique de l’enfant unique a été instaurée dans les années 1970, le gouvernement encourage désormais la natalité pour faire face au problème du vieillissement de la population.
Dans les pays où cette politique ne semble pas suffire, on opte pour une immigration de masse. C’est le cas notamment aux USA ou en Allemagne, pays qui a mis en place une politique pour accueillir de nombreux réfugiés sous l’impulsion d’Angela Merkel.
Mais dans d’autres pays plus fermés à l’immigration, la situation semble moins facile. On assiste à un recul de l’âge de la retraite, pour faire travailler plus longtemps « les vieux ». Au Japon, une politique de robotisation est en développement pour faire travailler plus de machines à la place des hommes.
Au Japon, une politique de robotisation est en développement pour faire travailler plus de machines à la place des hommes.
Pendant ce temps, en Afrique, on opte pour une stratégie différente. Aujourd’hui, les pays tentent de faire baisser le taux de fertilité du continent, qui recule déjà depuis quelques années. L’objectif est surtout de faire reculer les grossesses non désirées, le mariage forcé, et les grossesses en milieu scolaire, en maintenant notamment les filles à l’école plus longtemps pour leur permettre d’avoir les compétences nécessaires afin de participer activement au développement de leur pays.
En Afrique, l’objectif est surtout de faire reculer les grossesses non désirées, le mariage forcé, et les grossesses en milieu scolaire, en maintenant les filles à l’école plus longtemps.
Mais parmi les leaders africains, on semble de plus en plus conscients que la hausse de la population du continent peut être une opportunité à saisir pour accélérer sa croissance, pour peu qu’elle soit maîtrisée et accompagnée par les mesures économiques et sociales adéquates.
Ainsi, on assiste à des programmes de construction de nouvelles villes (Sénégal, Egypte, etc.) plus intelligentes, et mieux adaptées aux besoins démographiques.
Les politiques publiques de développement intègrent davantage la problématique de la redistribution des richesses, de la création d’emplois, tout en accélérant les investissements visant à fournir les infrastructures de base aux populations.
Désormais, il n’est pas uniquement question de mettre fin à la pression démographique en Afrique en réduisant les naissances. Les pays du continent veulent eux aussi profiter du dividende démographique qui a notamment permis à la Chine de connaître ce boom économique qui a fait d’elle la puissance mondiale qu’elle est aujourd’hui.
Dix civils ont été dans la nuit de samedi à dimanche dans deux attaques attribuées au groupe armé Forces démocratiques alliées (ADF) dans la partie orientale de la République démocratique du Congo, selon l'armée.
"Nous déplorons la mort de huit civils, décapités dans le village de Boyo, ici en Ituri par des ADF (...) qui ont aussi tué deux autres civils par balle à Kainama", a déclaré à l'AFP le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole de l'armée dans la province de l'Ituri (nord-est).
"La poursuite de l'ennemi pour nettoyer la zone continue", a-t-il affirmé.
Des sources administrative et locales ont confirmé les deux attaques, précisant que des maisons ont également été "incendiées" par les assaillants.
Le village de Kainama est situé dans l'extrême nord de la province du Nord-Kivu, à la limite avec l'Ituri. Il est à 5 km de celui de Boyo.
Les ADF sont historiquement des rebelles musulmans ougandais installés dans l'est de la RDC depuis 1995. Sans s'attaquer à l’Ouganda depuis des années, ces bandes armées commettent régulièrement des massacres sur des civils sans défense depuis octobre 2014 dans la région de Beni et ses environs.
L'armée congolaise mène des opérations militaires contre ces ADF dans cette zone depuis fin octobre 2019, sans toutefois avoir pu mettre fin aux massacres.
Dispersés par ces opérations militaires, les ADF opèrent désormais en petits groupes mobiles, selon des experts de l'ONU.
Après une relative accalmie en janvier, les membres présumés des ADF multiplient des tueries des civils depuis début février dans les territoires de Beni (Nord-Kivu) et Irumu (Ituri, nord-est).
Depuis près de trois décennies, l'est de la RDC est déstabilise par la présence de dizaines de groupes armés locaux et étrangers d'importance diverses.
Dans un récent rapport, les experts du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST en anglais) ont recensé au moins "122 groupes armés" actifs dans quatre provinces orientales (Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Tanganyika).
AFP
Le Président de la République, Son Excellence Ali Bongo Ondimba, a reçu ce jour, S.E.M Vincent Biruta, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale du Rwanda et Envoyé Spécial de son Excellence Paul Kagame, Président de la République du Rwanda.
Au centre des échanges entre le Président de la République et l’émissaire de ce pays ami figuraient l’actualité du continent, les questions internationales et le renforcement de la coopération bilatérale sur l’axe Libreville-Kigali.
Le chef de l’Etat gabonais et son hôte ont souhaité un échange d’expérience entre nos deux pays dans les domaines du commerce, de la diplomatie et du transport aérien, entre autres secteurs.
Au terme de cet entretien, le chef de l’Etat s’est réjoui de l’excellence des liens qui unissent nos deux Etats qui partagent la même vision sur le plan régional et international.
PRG/MT
Par Maître Armel Niyongere, avocat aux barreaux du Rwanda et de Bruxelles inscrit sur la liste de Conseils de la Cour Pénale Internationale (CPI) et Président de l'association Action des Chrétiens contre la torture (Acat-Burundi).
Depuis Avril 2015, le Burundi traverse une crise politique majeure. Elle se caractérise notamment par des violations massives et continues des droits humains.
Le Burundi traverse une crise politique majeure depuis le mois d’avril 2015. Elle se caractérise par des violations continues et massives des droits humains. Cette crise tire son origine de la candidature controversée de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, jugée inconstitutionnel. Une répression sanglante a été organisée par le pouvoir burundais contre les manifestations pacifiques organisées, taxées par le pouvoir de « mouvement insurrectionnel ». Pour se mettre à l’abri, plusieurs membres de la société civile et des médias, avec en tête les responsables de différentes organisations de la société civile, ont été forcés de s’exiler. Entretemps, des mesures arbitraires ont été prises à leur égard, notamment, la saisie de leurs comptes bancaires personnels, la suspension et la radiation des associations et médias indépendants.
L’alternance au sommet de l’État, en juin 2020, avec l’avènement du Général Evariste Ndayishimiye, Président du Burundi, n’y a rien changé. Bien au contraire. La répression des opposants politiques supposés et des défenseurs des droits humains se poursuit de façon implacable, galvanisée par des discours de haine et d’incitation à la haine inter-ethnique qui contribuent à entretenir un climat de peur.
Répression continue des défenseurs des droits humains par le biais d’une justice totalement instrumentalisée
Pour mâter les défenseurs des droits humains impliqués dans les manifestations, le pouvoir est passé par la justice qui est devenue un des instruments privilégiés de répression. Ainsi, en novembre 2015, le procureur général a procédé à la fermeture des comptes bancaires d’une dizaine d’organisations de la société civile ainsi que ceux de leurs représentants[1], dont celui de Maître Armel Niyongere et de l’association Action des Chrétiens contre la torture (Acat-Burundi), qu’il dirigeait. Depuis lors, ces comptes sont gérés par ces nouveaux mandataires désignés de manière totalement opaque.
Plus tard, le 19 octobre 2016, une autre étape a été franchie. Le ministre de l’intérieur a procédé à la radiation de certaines des principales organisations œuvrant pour la défense des droits de l’homme et de suspension des activités de certaines autres, dont l’ACAT-Burundi[2].
Clairement, les avocats engagés dans la défense des victimes des crimes commis depuis 2015 des différentes atrocités constituent une des principales cibles du pouvoir burundais. La raison de cet acharnement étant qu’ils sont devenus des témoins et des porte-voix, déterminés et gênants, des violations des droits de l’homme au Burundi, en produisant des rapports alternatifs, et en représentant les victimes auprès de différents mécanismes internationaux juridictionnels ou quasi-juridictionnels, notamment le Comité contre la Torture des Nations Unies (CAT),la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, la Cour de Justice de la Communauté d’Afrique de l’Est ou la Cour pénale internationale (CPI).
Dans ce cadre, en dépit de l’opposition du barreau, la cour d’appel de Bujumbura a décidé, le 16 janvier 2017, de radier de l’ordre des avocats quatre défenseurs et responsables d’organisations, notamment Vital Nshimirimana, Dieudonné Bashirahishize, Armel Niyongere[3] et Lambert Nigarura. Ces sanctions ont été prises suite à la participation de ces avocats à la session d’examen du Burundi par le Comité contre la Torture (CAT) des Nations unies, en juillet 2016 au cours de laquelle ils avaient dénoncé, preuves à l’appui, la pratique généralisée de la torture au Burundi.
Ces mesures répressives se succèdent sans répit. Le 2 février 2021, la Cour suprême du Burundi a rendu public, avec huit mois de retard, un arrêt qui aurait été prononcé le 23 juin 2020. Il concerne plusieurs personnes, considérées comme opposants dont une dizaine de défenseurs de droits de la personne humaine, dont Maître Armel Niyongere. Elles ont écopé de condamnations à des peines de prison à perpétuité et au paiement de dédommagements exorbitants. Le but étant clairement de justifier la réalisation des patrimoines financiers des familles de ces personnes[4] .
Faire taire toute critique, étouffer les voix des victimes
Toutes ces décisions ont été rendues par les diverses juridictions alors que le droit de défense des accusés leur a été récusé. Au vu des peines et de l’arbitraire qui les caractérise, plusieurs observateurs s’accordent sur le fait qu’il s’agit de mesures de représailles à l’encontre de ces avocats en raison de leurs activités de défense des victimes des violations graves imputables aux agents et officiels du pouvoir burundais qui bénéficient d’une totale impunité. Les lourdes peines prononcées visent clairement à faire taire toute voix discordante et empêcher toute démarche visant à établir les faits et les responsabilités des crimes commis et rétablir les victimes dans leurs droits. La nomination de plusieurs personnalités, soupçonnées d’être impliquées dans des crimes graves, à de hauts postes de responsabilité, constitue un signal supplémentaire, en les mettant à l’abri de toute poursuite. Et lorsque les bourreaux paradent, les victimes n’ont d’autre choix que de vivre dans la peur, l’échine courbée, forcés de passer continuellement sous les fourches caudines.
Article publié sur http://ishr.ch/news
[1] « Burundi : Le procureur ordonne la clôture des comptes bancaires d'opposants », 23/11/2015, accessible au site web : https://www.aa.com.tr/fr/afrique/burundi-le-procureur-ordonne-la-cl%C3%B4ture-des-comptes-bancaires-dopposants/477992.
[2] Ordonnance ministérielle n°530/1922 du 19/10/2016 portant radiation définitive de certaines associations sans but lucratif ; Jeune Afrique, « Burundi : dix organisations de la société civile radiées ou suspendues et deux médias sanctionnés », 25/10/2016, accessible au site : https://www.jeuneafrique.com/368403/societe/burundi-dix-organis ations-de-societe-civile-radiees-suspendues-deux-medias-sanctionnes/
[3]FIDH, Représailles contre quatre avocats engagés dans la défense des droits humains, 18/01/2017, accessible au site web : https://www.fidh.org/fr/themes/defenseurs-des-droits-humains/represailles-contre-quatre-avocats-engages-dans-la-defense-des-droits
[4] Justice for Burundi, « Le Collectif des Avocats des Parties Civiles “ Justice for Burundi” s’insurge contre la poursuite des Avocats défenseurs des droits de la personne humaine au Burundi », 10/02/2021, accessible au site web : https://jfburundi.org/le-collectif-des-avocats-des-parties-civiles-justice-for-burundi-sinsurge-contre-la-poursuite-des-avocats-defenseurs-des-droits-de-la-personne-humaine-au-burundi/
Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, ainsi que 33 partenaires, lancent un appel de fonds de 222,6 millions de dollars pour pouvoir apporter une aide humanitaire essentielle à plus de 315 000 réfugiés burundais en 2021.
Depuis près de sept ans, la Tanzanie, le Rwanda, l’Ouganda et la République démocratique du Congo accueillent généreusement des réfugiés du Burundi. Si la transition politique de l’année dernière a fait naître l’espoir que davantage de réfugiés pourraient rentrer chez eux, la majorité des réfugiés burundais continuera cependant à devoir bénéficier d’une protection internationale en 2021.
L’appel de fonds de cette année – le Plan régional de réponse en faveur des réfugiés du Burundi pour 2021 – vise à obtenir un soutien essentiel pour pouvoir garantir la fourniture de nourriture, d’abris et de services éducatifs, ainsi que l’accès aux soins de santé et à l’eau, qui sont particulièrement importants dans le cadre des mesures de prévention et de réponse à la pandémie de coronavirus.
« Un soutien international accru est crucial pour garantir que les réfugiés burundais bénéficient d’une réelle protection et de soins dans les pays voisins », a indiqué Clementine Nkweta-Salami, directrice régionale du HCR pour la région de l’Est, de la Corne de l’Afrique et des Grands Lacs. « Le fait de mobiliser des ressources est un signe fort qui montre que le monde n’a pas oublié les réfugiés burundais et leurs communautés d’accueil. »
L’appel comprend un volet financier destiné à intensifier le retour librement consenti, en toute sécurité et dans la dignité, de ceux qui choisissent de rentrer au pays. Il est complété par un Plan conjoint pour le retour et la réintégration des réfugiés burundais, qui couvre l’accueil et le suivi des rapatriés, ainsi que le soutien à leur réintégration au Burundi.
En 2020, la réponse à la situation des réfugiés burundais était parmi les plus sous-financées au monde, l’appel de fonds de 293 millions de dollars de l’année dernière n’ayant été financé qu’à hauteur de 40%. Les conséquences sur la vie des réfugiés et de leurs communautés d’accueil ont été sévères. Elles ont notamment pris la forme de réductions des rations alimentaires, d’abris inadéquats, de pénuries de médicaments et de moyens de subsistance insuffisants. (Fin)
RNA
Selon le quotidien italien Il Messaggero, l'ambassadeur Luca Attanasio a été trahi par une personne proche de la famille.
C'est ce qui ressort d'une interview accordée par la veuve de l'ambassadeur tué lundi dans une embuscade en République démocratique du Congo (RDC).
Luca Attanasio, 43 ans, circulait dans la province du Nord-Kivu (est), près de la frontière avec le Rwanda, à bord d'un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) lorsque celui-ci a été pris dans une embuscade.
L'ambassadeur, son garde du corps italien, le carabinier Vittorio Iacovacci, 30 ans, et un chauffeur congolais du PAM, Mustafa Baguma Milambo, 56 ans, ont été tués par balles.
Pour sa veuve, Zakia Seddiki, "Luca a été trahi par quelqu'un qui nous est proche, proche de notre famille". "Quelqu'un qui connaissait ses déplacements a parlé, l'a vendu et l'a trahi", a-t-elle ajouté, sans plus de précisions.
Les circonstances de la fusillade devront être éclaircies par les enquêtes du PAM et de l'ONU à qui le chef de la diplomatie italienne, Luigi Di Maio, a demandé "le plus rapidement possible, des réponses claires et exhaustives".
Le parquet de Rome, où se trouve le siège mondial du PAM, a ouvert de son côté une enquête pour "séquestration de personnes à des fins terroristes", selon la presse italienne.
Les autorités congolaises accusent les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), installées dans l'est de la RDC. Mais dans un entretien accordé à VOA Afrique, un porte-parole des FDLR, Cure Ngoma, a nié toute implication dans cette attaque. Il s'est dit prêt à témoigner, tout en réclamant une enquête internationale et impartiale.
Selon les autorités congolaises et italiennes, l'attaque s'est produite à trois kilomètres de la commune de Kiwanja, où Luca Attanasio et des fonctionnaires du PAM devaient visiter une école.
Selon le journal La Stampa, Luca Attanasio, arrivé en RDC en 2017, avait demandé l'année suivante au ministère italien des Affaires étrangères une escorte de quatre carabiniers, comme celle dont bénéficiait son prédécesseur, au lieu des deux alors en poste. Après une mission d'inspection en RDC, le ministère a refusé sa demande, écrit le quotidien.
Le PAM et le ministère italien des Affaires étrangères n'avaient pas immédiatement répondu vendredi aux sollicitations de l'AFP.
Après des funérailles d'Etat organisées jeudi à Rome, Luca Attanasio devait être inhumé samedi dans sa ville de Limbiate, près de Milan (nord).
AFP
(Agence Ecofin) - L’Afrique devient chaque jour un terrain d’expression militaire pour les grandes puissances. Les Américains revendiquent une meilleure offre, mais la concurrence russe et chinoise ne manque pas de dynamisme et de visibilité.
A l’occasion d'une conférence de presse en ligne organisée le 23 février 2021, l’Agence Ecofin a demandé au général Chistopher G. Cavoli (photo), commandant en chef de la division Europe et Afrique de l'armée américaine, si l'influence grandissante de la Russie sur le terrain des opérations militaires africaines allait influencer la manière dont les Etats-Unis planifiaient leurs activités. Selon le haut responsable, les Etats-Unis offrent, en Afrique, une meilleure coopération militaire que celle qui est proposée par les Chinois ou les Russes.
« Nous proposons un modèle différent. Nous offrons la stabilité, des actions de lutte contre des organisations extrémistes violentes, et la promesse de la démocratie, des droits de l’Homme et de l’Etat de droit, toutes choses que les Etats-Unis ont toujours défendues » a-t-il répondu, précisant que les actions, les opérations, les activités et les investissements de l’armée américaine en Afrique concernent les intérêts des Etats-Unis et ceux de leurs partenaires africains dans le domaine de la sécurité. « Donc il s’agit de nous et de l’Afrique, et de personne d’autre ».
Son adjoint direct le général Andrew Rohling est revenu sur la question chinoise, soulevée par un autre média. « L’Afrique est un front émergent de la concurrence mondiale en matière de puissance. La Chine cherche à rivaliser en Afrique et elle saisit des opportunités sur le continent. Notre approche stratégique est celle de continuer à positionner les Etats-Unis et nos alliés en tant que partenaires de choix en Afrique », a-t-il fait savoir.
La rencontre avec les médias au cours de laquelle ont été faites ces déclarations visait à apporter des précisions sur la consolidation des exercices de l'armée américaine en Afrique et en Europe. Il était aussi question de parler de l'engagement des Etats-Unis en Afrique et des futurs exercices conjoints prévus pour le mois de juin 2021.
Ces arguments ne suffiront pas à refroidir les ambitions africaines du président Vladimir Poutine. En octobre 2019, alors que son pays accueillait son tout premier sommet africain, il avait annoncé que l'Afrique était pour lui un objectif stratégique de politique étrangère. La Russie revient en Afrique avec à l'idée, entre autres, de sécuriser des marchés pour ses produits agricoles, et vendre des produits et services militaires, comme les Américains et les Européens.
Selon les données du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), l'Afrique, entre 2015-2019, a importé 49% de son équipement militaire de la Russie, soit près de deux fois le volume de celui acheté à ses deux autres fournisseurs que sont les Etats-Unis (14%) et la Chine (13%).
Les suites des révélations sur le rôle joué par l'armée française au Rwanda en 1994. Selon un document diplomatique consulté par l'association Survie et le journal français Mediapart, les militaires français auraient permis l'évacuation de génocidaires au Zaïre, aujourd'hui République démocratique du Congo. L'occasion pour la Fédération internationale des droits de l'homme, en compagnie de plusieurs associations, d'alerter la justice française sur les massacres de Tutsis à Bisesero qui ont eu lieu quinze jours avant la fuite des génocidaires hutus.
Selon ces associations des droits de l'homme, entre avril et juillet 1994, au moins 60 000 Tutsis réfugiés dans les collines de Bisesero sont tués par les forces pro-gouvernementales hutus.
Le 27 juin, les forces françaises de l'opération Turquoise basées à Goma, au Zaïre voisin, pénètrent dans la zone. Christophe Boisbouvier était l'envoyé spécial de RFI, il venait de rencontrer un groupe de réfugié tutsis :
« Quand une petite colonne française les a rencontrés, ils venaient de perdre l'un des leurs. "Emmenez-nous", a dit l'un deux. "Je ne peux pas" a répondu le commandant français, "je n'ai que 12 hommes et 3 jeeps, mais maintenant je sais que vous êtes là et je vais vous aider". »
Mais lorsque les militaires reviennent en force 60h plus tard, au moins 2 000 tutsis sont étendus sur le sol.
Pour les associations des droits de l'homme qui poursuivent l'État français, ces morts auraient pu être évitées. Alors quel rapport avec le document diplomatique révélé par Mediapart le 14 février dernier ? Eric Plouvier, avocat à la FIDH, estime que ce document prouve que la France, quinze jours après le massacre de Bisesero, a évacué des génocidaires hutus, au lieu d'aider les victimes tutsis :
« Il est certain que les autorités françaises n'avaient pas pour mission d'exfiltrer le personnel génocidaire, mais avait pour mission des Nations unies dans le cadre de l'opération Turquoise de secourir des personnes, donc le document nous parait d'un intérêt particulier dans cette procédure. »
Les avocats espèrent que ce document permettra de rouvrir l'enquête, qui est à l'arrêt depuis trois ans.
RFI
L'Afrique, qui subit une seconde vague de coronavirus, a passé la barre des 100 000 morts depuis le début de la pandémie. Mais le bilan sur le continent pauvre d'1,2 milliard d'habitants est sans doute bien plus élevé comme peut l’illustrer l’exemple sud-africain.
Les 54 pays de la région totalisent 100 000 décès (pour 3 793 660 cas déclarés), selon un comptage de l'AFP. La région, relativement épargnée, est la dernière, outre l'Océanie, à atteindre ce seuil franchi en avril par l'Europe. Mais ces chiffres se fondent uniquement sur les bilans communiqués quotidiennement par les autorités sanitaires de chaque pays et ne reflètent qu'une fraction du total réel de contaminations.
« Beaucoup de pays ont essentiellement des tests PCR, dans les capitales. Et plus on s'éloigne des centres urbains, moins il y a de tests», explique l'épidémiologiste Emmanuel Baron, de l'ONG Médecins sans frontières (MSF) présente en Afrique.
Et cette maladie peut passer « inaperçue », rappelle-t-il, avec des cas asymptomatiques ou des symptômes facilement confondus avec d'autres.
Pays le plus touché du continent africain par le covid-19, l'Afrique du Sud pourrait avoir largement sous-estimé le nombre de cas et de morts, rapporte notre correspondant à Johannesburg, Romain Chanson. Entre mai 2020 et février 2021, une surmortalité de 140 000 décès a été comptabilisée par le Conseil sud-africain de la recherche médicale. Ce sont deux courbes, superposées: celle de la mortalité liée au Covid dessine une petite bosse quand surgit une vague épidémique. Tandis qu'au même moment la courbe de la surmortalité bondit, sans être attribuée au Covid.
Pourtant, il ne fait aucun doute, ces décès sont liés à la pandémie estime le Conseil sud-africain de la recherche médicale. Problème, les personnes décédées ne sont pas automatiquement testées au covid-19. Et il est impossible pour le moment de distinguer les victimes directes du Covid, et les victimes collatérales d'un système hospitalier surchargé.
Selon une étude statistique de l'assureur Discovery, environ 90% de cette surmortalité est imputables au Covid-19, soit 120 000 morts. Loin, très loin des bientôt 49 000 morts officiellement déclarés.
Autre découverte, confortée par une étude sur les anticorps réalisée par le centre national du sang : la moitié de la population sud-africaine aurait déjà été contaminée au Covid-19.
L'Afrique du Sud a lancé sa campagne de vaccination cette semaine et espère vacciner 67% de sa population d'ici la fin de l'année pour atteindre l’immunité collective.
(Avec AFP)