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 « Terrorisme par jets de grenades en mairie de Bujumbura vers 19h, bilan : 2 morts, (l’un sur place à l’ex-marché central et un autre après évacuation) et des blessés évacués vers les structures de soins de santé. Un des terroristes blessé par grenade arrêté. Enquêtes en cours », annonce, sur son compte Twitter, le ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique.

Le président de la République, Evariste Ndayishimiye, a réagi ce matin sur son compte Twitter. Il se dit attristé par ces actes de terrorisme. Il adresse ses condoléances aux familles des disparus et souhaite un bon rétablissement aux blessés. Il exhorte les Burundais de rester unis et sereins.

Plusieurs sites ont été visés notamment le parking des bus au marché de Ngagara, communément appelé « Cotebu », une autre grenade a explosé tout près du parking des bus desservant le nord de la mairie, à l’endroit communément appelé « Plaza ». Une autre grenade a été lancée au Boulevard du peuple Murundi, dans la zone Bwiza, au parking des bus appelé « Permanence ». On signale une autre grenade lancée dans le quartier Mutakura.

Ces deux attaques ont fait plusieurs blessés selon les témoins. Les hôpitaux étaient débordés.  Dans la foulée, plusieurs arrestations ont été opérées par les policiers du GMIR (Groupement mobile d’intervention rapide) et de l’API (Appui à la protection des institutions).

Ce matin, un calme relatif règne dans la capitale économique Bujumbura. Au centre-ville, on remarque de petits groupes de gens qui discutent sur ce qui s’est passé la veille. Dans la zone Musaga par exemple, des militaires avaient été déployés sur les parkings de bus. Pour le moment, on ne sait pas l’identité de ces lanceurs de grenades. Des spéculations vont bon train surtout que le Burundi accueille, en ce moment, la 51ème réunion des experts du Comité Consultatif Permanent des Nations Unies chargé des Questions de Sécurité en Afrique Centrale (UNSAC51). Coïncidence ou acte délibéré ?

Steve Baragafise|Phare Africa Bujumbura



La Coalition Burundaise des Défenseurs des droits de l’Homme vivant dans les camps de Réfugiés (CBDH/VICAR) se dit indignée par des propos jugés mensongers du ministre de l’Intérieur de la République unie de Tanzanie.

« Au cours de cette réunion tripartite, le ministre tanzanien de l’Intérieur, George Boniface Simbachawene, a tenu des propos mensongers selon lesquels, tous les réfugiés burundais rentrent volontairement dans leur pays natal, et qu’il n’est pas au courant des tueries, disparitions forcées, tortures en leur encontre alors que tous ces actes de violation des droits des réfugiés burundais se ramifient sur le rapatriement forcé », s’indigne la CBDH/VICAR. Cette réunion s’est clôturée, le 19 mai 2021, à Bujumbura, la capitale économique du Burundi. Elle regroupait la Tanzanie, le Burundi et le Haut-Commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés (HCR).

Pendant que la réunion tripartite se tenait à Bujumbura, poursuit la Coalition, la police tanzanienne circulait dans tous les trois camps à bord d’une voiture policière en battant toute personne qui tente de vendre quelque chose que ce soient les légumes, les arachides, etc. « A Nyarugusu, la police, en collaboration avec les Sungusungu (les agents de sécurité tanzaniens), a brulé toutes les petites tables qui servaient les réfugiés à vendre ces légumes. Parmi ces réfugiés, il y a les femmes veuves dont leurs maris ont été tués et disparus. Ils ont aussi jeté des gaz lacrymogènes pour éparpiller les réfugiés qui continuaient à vendre ces légumes. » Selon cette organisation, 4 policiers du Camp de Mtendeli dont le chef de poste ont volé l’argent d’un réfugié et ont emprisonné d’autres qui vendaient des savons et de la farine. Au Camp de Nduta, la police a fait de même.

D’après la CBDH/VICAR, elle a dressé une correspondance, le 1er avril 2021, au président de la République unie de Tanzanie pour solliciter son intervention et la copie de cette correspondance a été aussi envoyée au ministre George Simbachawene. La CBDH/VICAR rappelle qu’en date du 30 novembre 2020, Human Right Watch a sorti un rapport confirmant les abus graves faits par les autorités tanzaniennes à l’encontre d‘au moins 18 réfugiés et demandeurs d’asile burundais en Tanzanie dont 8 réfugiés ont été remis illégalement aux autorités burundaises.

« En date du 15 décembre 2020, le Rapporteur spécial sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les déplacés internes et les migrants en Afrique de la commission africaine des droits de l’homme et des peuples, l’Honorable Commissaire Maya Sahli-Fadel a sorti un communiqué de presse qui dénonçait les manœuvres d’intimidation à l’endroit des réfugiés Burundais afin de les pousser à quitter le pays. Les manœuvres parmi lesquels figurent les menaces d’expulsion par le gouvernement Tanzanien, la fermeture et la destruction des marchés dans les camps, … » Et de souligner que les experts des Nations Unis pour les des droits de l’homme ont appelé les gouvernements tanzanien et burundais à respecter les droits des réfugiés et demandeurs d’asile qui ont fui le Burundi. « Toutes ces preuves montrent que toutes les autorités tanzaniennes sont au courant de ce qui arrive aux réfugiés Burundais mais plutôt qu’elles ont choisi l’amitié que la vie humaine. »

 La CBDH/VICAR demande au gouvernement de la Tanzanie de respecter les conventions signées et ratifiées et de prendre au même pied d’égalité tous les réfugiés qui sont sur son sol. Mais aussi de ne pas sacrifier les réfugiés burundais en contre partie des relations diplomatiques. La Tanzanie doit aussi mener des enquêtes indépendantes et impartiales pour que les responsables des forfaits soient traduits devant la justice au lieu de les soutenir.

Quant au HCR, il lui est demandé de travailler en faveur des réfugiés en rapatriant seulement les réfugiés volontaires. « De conseiller le gouvernement tanzanien pour qu’il cesse ces graves violations en l’encontre des réfugiés burundais et de suivre de près ses agents locaux car il y a parmi eux ceux qui soutiennent ces violations envers les réfugiés burundais. » Cette organisation exhorte les mécanismes des Nations Unies de continuer à suivre de près ce qui se passe dans les camps de réfugiés en Tanzanie et prendre des décisions nécessaires pour que ces réfugiés burundais vivent en paix.

Steve Baragafise|Phare Africa Bujumbura



(Agence Ecofin) - L’Ouganda, qui est un pays enclavé, a signé un accord avec la Tanzanie voisine et ses partenaires Total et CNOOC pour construire un oléoduc afin d’acheminer son pétrole vers la façade maritime du port de Tanga. La dernière étape vers le démarrage officiel des travaux a été franchie ce jeudi.

Jeudi, le président ougandais, Yoweri Museveni a atterri dans la capitale tanzanienne, afin d’assister à la signature du Host Government Agreement (HGA) entre le gouvernement tanzanien et les investisseurs de l’oléoduc qui reliera l’Ouganda à la Tanzanie (EACOP). Il a été accueilli par son homologue, Samia Suluhu qui, faut-il le rappeler, était en Tanzanie le mois dernier, pour la signature de plusieurs accords allant dans le sens du développement de l’oléoduc.

Encore appelé accord de gouvernement hôte, le HGA est une entente entre un investisseur étranger et un gouvernement local, régissant les droits et obligations de l’investisseur et du gouvernement d’accueil en ce qui concerne le développement, la construction et l’exploitation d’un projet par l’investisseur.

Le HGA entre Total, CNOOC qui sont les investisseurs et la partie ougandaise, a été signé en septembre 2020 à Kampala. Les investisseurs recevront ainsi des dividendes égaux, conformément à un accord antérieur.

Selon des officiels Tanzaniens, ce dernier accord permettra au projet de démarrer immédiatement de Hoima, en Ouganda, pour la péninsule de Chongoleani dans le port de Tanga, sur une distance de 1 440 kilomètres. Ce sera le pipeline chauffé le plus long du monde.



Le volcan Nyiragongo, près de Goma, dans l'est de la RDC, ne semble plus menaçant. Les autorités locales déplorent 14 victimes directes ou indirectes suite à l’éruption. Certains habitants de Goma qui avaient fui de nuit, samedi, ont commencé à rentrer chez eux dimanche, mais la prudence reste de mise.

Raymond Mbanza habite dans le sud de Goma, quartier RVA, près de l’aéroport. Comme tous les habitants, l’éruption du Nyiragongo l’a pris par surprise. « J'étais sur la route principale. J'ai levé les yeux vers le Nyiragongo et je me suis dit : "Non !" ».

Paniqué, son premier réflexe a été de mettre sa femme et ses deux enfants à l’abri. « J'ai cherché des motocyclistes. On les a payés 20 dollars. On m'a amené avec ma famille à Mugumba vers Saké, à quelques kilomètres de Goma. On a passé la nuit là-bas. En ce moment, ma famille se trouve là-bas. Mais, moi je me suis dit qu'il fallait que je retourne à Goma pour voir comment ça se passe »

Prudence et attente

Raymond Mbanza est repassé à Goma seul, en éclaireur. Quelques heures lui ont suffi. Pour lui, il est encore trop tôt pour revenir avec sa famille. « Je me suis rendu sur les lieux. J'ai vu la lave, j'ai vu comment ça s'est passé. Il y a beaucoup de tremblements de terre, vraiment beaucoup. Il y a des murs qui tombent. Donc je ne pense pas que ça soit opportun de retourner à Goma. Nous observons seulement. »

Par précaution, Raymond Mbanza s’est ravitaillé en médicaments, en eau et en nourriture. Sa plus grande crainte, c’est que des voleurs profitent de son absence pour piller sa maison.

RFI



Dans les deux provinces des Kivu déjà meurtries de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), c’est un vieux foyer qui se rallume. Des affrontements opposent depuis un mois des groupes armés rivaux dans les Hauts plateaux de la province du Sud-Kivu, y exacerbant dangereusement les rancoeurs communautaires. Depuis fin mars, la situation dans les montagnes des Hauts plateaux « s’est dégradée », constate pour l’AFP Pierre Boisselet, coordonnateur de l’organisation Kivu security tracker (KST), qui tient un « baromètre sécuritaire » des incidents violents dans tout l’est congolais.

« Pour le territoire d’Uvira, avril 2021 a été le deuxième mois le plus actif en termes d’affrontements depuis mi-2017 », avec au moins 15 confrontations, observe M. Boisselet.

Des avocats mandatés par la communauté Banyamulenge, dont Bernard Maingain, ont récemment dénoncé une « véritable épuration ethnique en cours de réalisation au vu et au su de tous ».

Dominant majestueusement le lac Tanganyika et le Burundi voisin, les montagnes verdoyantes des Hauts plateaux, qui culminent à plus de 3.000 mètres, sont depuis trois décennies un des habituels points chauds de l’est de la RDC.

Les conflits y sont récurrents entre groupes armés issus des communautés locales Babembe, Banyindu, Bafulero et Banyamulenge. Ces derniers, des éleveurs Tutsi aux lointaines origines rwandaises, sont souvent au coeur de la controverse, s’estimant discriminés mais également accusés d’être instrumentalisés ou d’agir au service du Rwanda voisin pour « balkaniser » l’est du pays.

La question est politiquement ultra-sensible, et le nom des Banyamulenge reste bien souvent associé dans l’esprit des Congolais aux évènements tragiques qui ont plongé les Kivu – et tout le pays avec – dans le chaos, onde de choc du génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda.

Des Banyamulenge ont en effet pris part à la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame, puis aux rébellions soutenues par Kigali, l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila et le RCD (Rassemblement congolais pour la Démocratie) dans les années 2000, responsables de nombreuses exactions contre les civils.

En riposte, des groupes armés Maï-Maï issus d’autres communautés ont pris les armes, s’en prenant aux civils banyamulenge, plongeant la région dans le cycle infernal des violences, entrecoupées de quelques répits. Depuis 2018, la situation s’est à nouveau dégradée.

Le fait préoccupant est qu’en avril, « les combats se sont étendus à une zone épargnée jusque là, Rurambo, où il y avait une relative coexistence », remarque M. Boisselet.

Plus précisément, ils opposent une importante coalition de groupes Maï-Maï locaux aux combattants banyamulenge « Twigwaneho » d’un colonel déserteur de l’armée, Michel Rukunda.

La recrudescence des violences « serait liée à une incursion d’hommes armés en provenance du Burundi en mars, (…) des rebelles burundais Red-tabara alliés à des Maï-Maï », selon KST.

« Si les violences sont cycliques sur les Hauts plateaux, cette situation est relativement nouvelle », analyse M. Boisselet. Accessoirement, elles ont éclaté après une courte accalmie à la faveur d’un « dialogue » intercommunautaire et un accord signé le 31 mars à Kinshasa, resté donc lettre morte.

Ces incidents « commencent à déborder » sur les territoires voisins, s’inquiète un rapport d’une ONG internationale.

Les « tensions sont à leur paroxysme » dans ces territoires, où les milices « échappent toutes au contrôle de leurs communautés et les affrontements impliquent des représailles d’une violence extrême », avec une criminalité qui croît « à un rythme exponentiel ».

Les risques « ont plus que doublé » dans la zone des Moyens et Hauts plateaux d’Uvira, « destination finale de tous les groupes armés » qui ont considérablement renforcé leurs rangs ces dernières semaines, depuis les forêts de l’arrière-pays ou la plaine de la Ruzizi, frontalière du Burundi, « point d’infiltration » des combattants étrangers, constate un rapport d’une autre ONG.

« Cela a entraîné des affrontements d’une rare violence », souligne cette organisation, s’alarmant elle aussi d’un conflit qui « s’étend ».

Elle pointe au passage plusieurs facteurs aggravants: la « léthargie au sein des forces régulières », les divisions de l’exécutif provincial, une société civile « instrumentalisée », des accusations de détournements par le gouverneur et des infrastructures « en état de délabrement avancé ».

Conséquence de cette flambée de violences, dont le bilan humain n’est pas connu, près de 3.000 déplacés banyamulenge ont fui les montagnes pour trouver refuge à Uvira.

« Nous avons été attaqués par les Maï-Maï et des miliciens burundais », accuse l’une de ces déplacés, Aline Ndariburugwa. « Des personnes sont mortes, des maisons ont été incendiées (…) tous nos biens ont été  emportés ».

« Au point de vue militaire, nous essayons de faire ce que nous pouvons pour protéger les populations civiles », déclare le porte-parole de la mission de l’Onu dans le pays (Monusco), Mathias Gillmann, à l’AFP.

Les Casques bleus ont installé récemment une nouvelle base dans la zone « pour répondre à l’urgence », rappelle M. Gillmann, notant « les problèmes d’accès et d’absence des autorités de l’État », tout en soulignant que « la solution viendra des communautés ».

Près de 122 groupes armés sévissent aujourd’hui dans tout l’est congolais. Depuis début 2021, pour les seuls Nord et Sud-Kivu, au moins 490 civils y ont été tués, selon KST.

Ces derniers mois, l’attention internationale s’est plutôt portée sur les très meurtriers rebelles d’origine ougandaise ADF (qui opèrent dans le Nord-Kivu, près de la frontière ougandaise) et leurs supposés liens avec l’État islamique.

Pour tenter de juguler leurs tueries, le président Félix Tshisekedi a proclamé le 6 mai dernier l’état de siège au Nord-Kivu et dans l’Ituri voisin.

L’état de siège pourrait cependant « entrainer la fuite des groupes armés et autres criminels vers les territoires voisins du Sud-Kivu », s’inquiète déjà l’un des rapports d’ONG

La Libre afrique



Après plus de 25 ans d’échanges tendus, suite à l’intervention française au Rwanda durant le génocide des Tutsis dans ce pays. Les relations entre les deux pays se sont nettement réchauffées ces dernières années, sous la présidence française d’Emmanuel Macron. En visite à Paris cette semaine pour le Sommet sur l’économie africaine, le président rwandais Paul Kagame s’est félicité de cette normalisation des relations entre les 2 pays lors d’une interview exclusive à RFI et France 24.

Au cœur de ce rapprochement entre la France et le Rwanda, le rapport Duclert ; compilé par des historiens et remis au chef de l’État français il y a deux mois. Il conclut que Paris porte des « responsabilités lourdes et accablantes » dans les évènements qui ont abouti au génocide au Rwanda en 1994 et qui a fait 800 000 morts selon l’ONU, sans toutefois être « complice » de génocide.

Pour le président Paul Kagame en visite à Paris, « c’est un grand pas en avant que des faits, la vérité aient pu être établies, par deux commissions, une française et une rwandaise, et que pour la première fois il y ait convergence. »

« Pour la France et le Rwanda il y a maintenant une chance, une base sur la laquelle construire une bonne relation », dit-il « comme cela aurait dû être dans le passé. » « Le reste » ajoute-t-il, « nous pouvons le laisser dernière… peut-être pas oublier, mais pardonner et aller de l’avant. »

La France n’est pas complice

Le rapport Duclert n’a pas conclu à la complicité de la France durant le génocide. Interrogé sur ce sujet, le président Kagamé répond : « Il reste encore des choses à faire pour avancer, mais le plus important a été couvert », « que la responsabilité lourde et accablante de la France ait été reconnue… C’est énorme, cela veut dire beaucoup », indique le président Kagame.

« Je peux m’accommoder des conclusions de ce rapport, qui a écarté la “complicité” de la France ». Avant d’ajouter : « Ce n’est pas à moi de leur dire ce qu’ils auraient dû mettre dans leurs conclusions », « ce sont deux commissions d’enquête (française et rwandaise) indépendantes », même si « j’ai le droit d’avoir ma propre opinion, car j’ai vécu ces évènements. »

Des excuses de la France ?

Lors de la visite du président Emmanuel Macron à Kigali le 27 mai, le Rwanda s’attend-il à des excuses de Paris pour son rôle durant le génocide ?

Le président rwandais estime que « c’est une décision qui dépend de la France et de ce qu’elle estime être dans ses intérêts. Mais je ne demanderai jamais à quiconque de présenter ses excuses », ajoute-t-il.

Arrestation des génocidaires

Le président rwandais a salué l’arrestation il y a un an à Paris de Félicien Kaguba, le « financier » du génocide.

« C’est un bon début », indique-t-il. Plus aurait pu être fait, regrette-t-il « un certain nombre de présumés génocidaires vivent en France », « leurs cas n’ont pas été traités correctement. »

Souhaiterait-il que la France extrade Agatha Habyarimana, la femme de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, décédé dans l’attentat contre son avion en  6 avril 1994 ? Et qui habite en France depuis 1994.

« Oui, elle est en haut de la liste », répond le président rwandais, « mais la France devra décider ce qu’il faut faire », ajoute-t-il.



Le président congolais Denis Sassou Nguesso a nommé un nouveau gouvernement, où son fils fait son entrée et qui comptera par ailleurs un membre de la principale formation d’opposition, a-t-on appris dans la nuit de samedi à dimanche de source officielle. La nouvelle équipe compte 36 membres, dont quatre ministres d’État et huit femmes, selon un décret lu à la télévision publique.

Parmi les onze personnalités qui font leur entrée dans ce gouvernement figure Denis Christel Sassou Nguesso, 46 ans, fils du président, qui prend le portefeuille fraîchement créé de la Coopération internationale et de la Promotion du partenariat public-privé.

Honoré Sayi devient quant à lui ministre de l’Energie et de l’Hydraulique. Cet enseignant en philosophie était jusque-là président du groupe parlementaire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), première formation d’opposition.

Le ministère des Finances et du Budget revient à Rigobert Roger Andely, un cadre de banque, originaire de la région de la Cuvette (Nord) comme le président Sassou Nguesso, et qui avait déjà occupé ce poste entre 2002 et 2005.

Sept personnalités ont été remerciées, au nombre desquelles Henri Djombo, ministre sans discontinuer depuis 1997, ou encore Yvonne Adélaïde Mougany, au gouvernement depuis 2002.

La nouvelle équipe gouvernementale, la toute première du quatrième mandat de M. Sassou Nguesso, qui cumule 37 ans à la tête du pays, est dirigée par le Premier ministre Anatole Collinet Makosso qui a reçu pour consigne de la mettre au travail « sans délai ».

Elle doit relever des défis sociaux, notamment le règlement de plusieurs trimestres d’arriérés des pensions de retraite, tout comme les bourses des étudiants. La question de la dette publique (plus de 87% du PIB en 2020 avant la pandémie de Covid-19) et la relance des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) font partie des défis économiques de ce gouvernement.

L’économie congolaise, extrêmement dépendante des recettes du pétrole (85 % des exportations) a pâti de la chute des cours depuis 2014, avant d’être durement impactée par la pandémie.

La Libre Afrique



Le président rwandais est en visite à Paris ce lundi et mardi. Paul Kagame va participer à deux sommets distincts : un sur le Soudan et un sur les économies africaines. Il devrait également rencontrer d’anciens militaires français ayant servi au Rwanda entre 1990 et 1994. Étape supplémentaire dans le réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays. Une tendance vue d’un bon œil à Kigali.

Du côté d’Ibuka, la principale association de rescapés du génocide, on salue les différentes étapes franchies depuis la publication du rapport Duclert et la volonté politique des gouvernements français et rwandais.

Egide Nkuranga, président de l’association, déplore cependant le non-lieu requis le 3 mai par le parquet de Paris dans l’enquête sur l’attitude de l’armée française lors des massacres de Bisesero. « Nous espérons que ce sera discuté pendant la visite du chef de l’État rwandais à Paris », dit-il.

Paul Kagame devrait en tout cas rencontrer d’anciens militaires français ayant servi au Rwanda entre 1990 et 1994 et qui se sont, d’une manière ou d’une autre, opposés à la politique française de l’époque. Une démarche informelle, et inédite, évoquée lors de la visite de Vincent Duclert à Kigali en avril et favorisée par l’historien français.

« C’est très bien, il est temps de tourner la page », renchérit un député du FPR, le parti au pouvoir, qui voit dans cette visite une nouvelle étape dans le réchauffement des relations entre les deux pays et qui assure maintenant attendre avec impatience la venue d’Emmanuel Macron au Rwanda.

RFI



C'est un spectaculaire coup d'arrêt à la réforme constitutionnelle voulue par le président kényan Uhuru Kenyatta qui a été donné jeudi 13 mai par la justice. Ce projet baptisé « BBI » (Building Bridges Initiative) devait être adopté par référendum avant l'élection présidentielle de 2022. Mais un panel de cinq juges a notamment estimé que le processus lancé en 2018 par le chef de l'État pour aboutir à cette réforme était tout simplement illégal.

Les juges de la Haute Cour de Nairobi sont apparus unanimes à la télévision, jeudi soir. Pendant plus de quatre heures, ils ont lu leur arrêt, très technique et très détaillé, sur le projet de loi BBI. Et leur verdict est clair : ce projet de réforme des institutions nationales est illégal, inconstitutionnel, et donc nul et non avenu. Et le président Kenyatta pourrait être poursuivi s'il le soumettait à un référendum.

Lancé en 2018, le projet BBI entendait pourtant remédier aux problèmes récurrents du Kenya en période électorale. Il prévoyait la création d’un poste de Premier ministre nommé par le président, de deux Premiers ministres adjoints, et d’un chef officiel de l’opposition, le candidat ayant fini deuxième de l’élection présidentielle.

Or les juges estiment que le groupe de travail à l'origine de ce projet est une entité « illégale, inconnue de la loi ». Du reste le président, selon eux, n'a pas la possibilité légale de modifier la Constitution, même en passant par un référendum. Ce pouvoir constituant n'appartient qu'au peuple kényan, et non au chef de l'État, disent-ils.

« Le président ne peut pas être à la fois initiateur et arbitre de l'amendement de la Constitution », précisent-ils, disant aussi que la BBI était truffée de conflit d'intérêts. Ils concluent que le processus est donc nul ab initio, c'est-à-dire sans valeur depuis le début, et que ses décisions n'ont aucune conséquence juridique.

Un appel qui a peu de chance d'aboutir

Le procureur général du Kenya a toutefois annoncé son intention de faire appel de ce jugement. Mais tout ce que le Kenya compte d'avocats constitutionnalistes était unanime, vendredi : l'appel interjeté par le procureur général contre l'arrêt de la Haute Cour de Nairobi a peu de chances d'obtenir gain de cause.

Il faudrait pour cela que chacune des 20 violations de la Constitution relevées par les cinq juges de la Haute Cour dans leur décision cinglante contre la BBI soient retoquées, explique maître Joel Bosek, dans The Star. Ces 20 points sont « comme les Dix Commandements, plaisante-t-il, vous ne pouvez contrevenir à aucun d'entre eux et survivre ».

Pour le « doyen » des constitutionnalistes kenyans, maître Ahmednasir Abdullahi, les chances des avocats du pouvoir sont de 5%, explique-t-il sur son compte Twitter. Mais même s'ils obtenaient gain de cause, cette réforme est, dit-il, « dans un état critique d'un point de vue moral ».

Du côté des politiques, peu de réactions. En plus de quelques avocats qui avaient depuis longtemps souligné la fragilité légale du projet BBI, seul le vice-président William Ruto s'est réjoui de cet arrêt, lui qui est à couteaux tirés avec le président depuis quelques mois.

Alors que les défenseurs du projet plaidaient pour une réforme visant à apaiser les tensions récurrentes au Kenya en période électorale, lui voyait en elle une manœuvre pour l'isoler et, l'année prochain lors de la présidentielle, réserver le pouvoir aux camps des poids lourds de la vie politique kenyane, à savoir le président sortant et son principal opposant Raila Odinga.

Pour l'heure, la présidence kenyane n'a rien dit sur l'arrêt de la Haute cour, et Raila Odinga non plus.

RFI



Cela paraît à peine croyable, mais c’est bien ce qui va se passer. Les étrangers présents au Danemark et qui voudront demander l’asile devront maintenant le faire depuis le Rwanda, en Afrique. C’est ce que l’on appelle l’externalisation des demandes d’asile. Imaginez un réfugié, un clandestin, qui après avoir traversé la Méditerranée se retrouve au Danemark et y demande l’asile. Il va être enregistré, puis il sera mis dans un avion en direction du Rwanda, où il pourra faire sa demande dans un centre de réfugiés.

Le royaume nordique a cherché des accords avec plusieurs pays, dont la Tunisie, l’Éthiopie, mais c’est avec le gouvernement du Rwanda qu’un protocole d'entente a été signé. Toutes ces négociations ont duré des mois. Elles auraient pu rester secrètes, sauf qu’un officiel rwandais a vendu la mèche en publiant une photo de lui avec ses nouveaux amis danois sur Twitter.

Vers une migration zéro

Le but est-il de limiter l’immigration clandestine ? Et l’immigration tout court ? Le ministre danois de l'Immigration Mattias Tesfaye, lui-même fils de réfugié, assure que le système sera « plus humain et équitable », car il réduira les flux sur les routes migratoires, où l’on risque sa vie. Mais c’est vrai que l’objectif est d’arriver à une migration zéro. Quel réfugié dans ces conditions viendrait tenter sa chance au Danemark ?

Le pays d’ailleurs n’en est pas à son coup d’essai : il est aussi le premier en Europe à avoir révoqué le statut de ses réfugiés syriens, en estimant que la paix était revenue dans le pays et qu’ils pouvaient y retourner. On peut quand même se poser la question de l’utilité de ces nouvelles mesures car en 2020, à peine plus de 1 500 personnes ont demandé l'asile dans le pays scandinave, le chiffre le plus bas depuis 1992.

Pression de l’extrême-droite

Au Danemark, les réactions sont contrastées. Du côté des associations de défense des droits de l’homme, on est consterné. Si d'autres pays imitent le Danemark, c’est le droit d’asile qui est remis en cause. Mais une grande partie de la population, aussi, approuve. Il faut dire qu’en Scandinavie, la vague de réfugiés de 2015 a été un véritable traumatisme pour certains.

Et puis il y a la pression de l’extrême-droite. C’est une Première ministre social-démocrate qui a pris cette décision au Danemark, mais c’est bien l’extrême-droite qui a imposé son agenda. C’est à peu près le même tableau en Suède, souvent présentée comme un modèle de tolérance, qui va faire voter d’ici l’été une réforme de ses lois migratoires.

On n’en est pas encore au stade danois, mais les étrangers installés en Suède ne vont plus avoir droit à des cartes de séjour permanent, le regroupement familial va être plus difficile. C’est vraiment la fin d’une époque.

RFI

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